Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du mercredi 25 octobre 2017 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 — Article 6

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Madame Wonner, la vie que vous décrivez, c'est la vie dans les papiers. Elle ne correspond pas à ce que j'ai vu, à la situation que vivent les infirmières, les aides-soignants et les psychiatres de l'hôpital d'Amiens.

C'est un infirmier lui-même qui m'a proposé de faire cette tournée.

Le premier patient que nous avons vu, qui n'était pas dans une chambre d'isolement – c'est justement pour ne pas augmenter le nombre de chambres d'isolement que l'on utilise des hublots et des oculus – , vit comme s'il était dans un chenil depuis des années : c'est ainsi qu'il a été éduqué.

Au deuxième oculus, nous avons vu un deuxième patient que nous avions déjà rencontré au goûter. Voulant communiquer avec nous, il s'est approché de la porte pour sortir, mais l'infirmier m'a dit que ce jeune homme demandait beaucoup d'attention et que, si nous lui accordions toute l'attention dont il a besoin, nous n'aurions plus le temps de rien faire.

La troisième personne que nous avons vue est en régression parce que l'équipe médicale n'a pas pu travailler à ses côtés. Auparavant, elle sortait toutes les semaines pour un repas au Flunch, où elle se rendait de façon relativement autonome puisque la zone commerciale se trouve en face de l'hôpital. Désormais, elle ne peut plus y aller, on ne lui apporte plus de soins et elle est en régression.

L'infirmier qui m'a raconté tout cela est en souffrance car il voit bien qu'il ne fait plus son travail. En l'absence de psychiatre au sein de son unité de soins, il ne peut plus travailler correctement !

J'ai demandé à la cadre de santé où en était le projet médical. On m'a répondu : « Il n'y a pas de projet médical ! Comment voulez-vous qu'un projet médical soit mis en oeuvre sans médecin ? »

J'en viens maintenant à un problème plus général qui, à mon avis, doit intéresser la représentation nationale : alors qu'on accepte d'augmenter le budget consacré aux soins en général, comment expliquer la baisse automatique de la dotation affectée à la psychiatrie ? Je me suis en effet renseigné auprès de l'agence régionale de santé : cette dotation n'est pas augmentée de 2 %, comme dans les autres services des hôpitaux, mais diminuée.

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