Intervention de Jean-Baptiste Lemoyne

Séance en hémicycle du mercredi 18 septembre 2019 à 15h00
Accord de coopération entre l'union européenne et l'afghanistan — Présentation

Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'état auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères :

Ce jour où nous évoquons la coopération entre l'Union européenne et l'Afghanistan est symbolique alors que nous commémorions tout récemment le centenaire de l'indépendance de ce pays, ou plutôt le centenaire de la reprise par l'Afghanistan de la maîtrise de ses relations extérieures. C'est un anniversaire qui résonne avec une actualité chargée, parfois douloureuse, car nous avons encore déploré des victimes dans des attaques survenues hier et au cours des jours derniers.

La France et l'Afghanistan sont deux grandes nations, avec une histoire riche, avec une culture d'une vitalité formidable. Nos partenariats n'ont cessé de se renforcer depuis ce virage de 1919. Dès 1922, nous avons signé un accord ; de jeunes Afghans sont venus, tout de suite, se former chez nous, et parmi eux figuraient un futur roi, un futur Premier ministre, de nombreuses personnalités. En France est née une passion pour l'Afghanistan ; je pense à Alain Daniélou, à Clara et André Malraux, à tant d'archéologues.

La période plus récente a vu de nombreux Français s'investir en Afghanistan, notamment dans l'action humanitaire – ainsi, l'ONG Acted est née dans ce pays, et prend aujourd'hui encore en charge près de 3,6 millions d'Afghans.

J'ai enfin une pensée toute particulière pour les fils et les filles de France qui ont versé leur sang en Afghanistan. Quatre-vingt-dix d'entre eux, hélas, ont péri sur cette terre.

Cette relation bilatérale ne laisse indifférents ni les Afghans ni les Français.

Ce projet de loi autorisant la ratification de l'accord de coopération entre l'Union européenne, ses États membres et l'Afghanistan est un pas important. Votre rapporteure l'a parfaitement exposé en commission, et j'ai pris connaissance avec grand intérêt des débats de votre commission.

Le premier intérêt de cet accord est de structurer le dialogue qui se noue entre nos deux entités. L'Europe est naturellement très présente en Afghanistan, depuis quarante ans surtout, par des actions protéiformes, mais cet accord dessine un cadre, une méthodologie : un comité mixte, des groupes de travail sur toute une série de sujets… C'est ainsi un dialogue formalisé qui se dessine.

Je rejoins la présidente de la commission des affaires étrangères qui disait, au cours de la réunion de votre commission, que nous ne pouvons pas laisser les Afghans en tête-à-tête avec telle ou telle puissance. L'Europe et la France ont aussi le devoir de faire vivre un dialogue inter-afghan, préalable indispensable à la construction d'un avenir solide auquel les Afghans ont droit autant que les autres.

Cet accord est donc indispensable. Certains ont pu pointer des lacunes par rapport aux attentes des Afghans eux-mêmes ; mais c'est une avancée considérable vis-à-vis de la déclaration politique conjointe qui était le seul document dont nous disposions. Nous engageons maintenant, je le redis, une démarche structurée ; nous pourrons évoquer ensemble la paix, la sécurité, les droits fondamentaux, l'égalité entre les hommes et les femmes…

Certains se sont interrogés sur ce partenaire qui contrôle mal son propre territoire. Mais c'est bien avec les autorités légales et légitimes que nous devons discuter.

Dans quelques jours, le peuple afghan sera amené à voter pour se choisir un Président de la République, et j'ai vu que les questions constitutionnelles n'avaient pas échappé à l'attention de votre commission. La subsidiarité est un concept essentiel, qui n'est pas seulement occidental, et qui permet d'appréhender la diversité et la richesse extrêmes de ce peuple.

Voilà ce que je tenais à porter à votre attention ; ces quelques considérations vous auront montré toute l'importance de cet accord.

Nous conduisons naturellement des actions bilatérales, nous conduisons cette action au niveau européen, et la communauté internationale continue à être aux côtés des Afghans : hier encore, elle a voté la résolution 24-89, qui reconduit pour un an la mission d'assistance des Nations unies à l'Afghanistan. Cela permettra de contribuer à sa sécurité, notamment à celle des prochains scrutins.

Nous pouvons ainsi dire, en ce jour, que oui, en France, nous aimons les libertés, les contradictions, les synthèses, et c'est pourquoi, je crois, nous aimons aussi profondément l'Afghanistan et le peuple afghan.

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