Intervention de Florence Provendier

Séance en hémicycle du mercredi 18 septembre 2019 à 15h00
Création du centre national de la musique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFlorence Provendier :

Après la conclusion de cette commission mixte paritaire, la musique s'invite de nouveau dans notre hémicycle afin de bâtir les fondations d'un projet cher aux parlementaires, à l'ensemble des acteurs de la filière et au-delà. C'est bien parce qu'elle nous rassemble et nous ressemble que la musique demeure, année après année, l'activité culturelle préférée des Français.

La proposition de loi que nous allons adopter pour donner le jour au Centre national de la musique suscite l'unanimité, car elle répond à une attente pressante du secteur, mais aussi parce que nous avons fait montre d'une approche participative féconde. En effet, ce projet de création du CNM est le fruit d'un travail de concertation inédit avec le monde de la musique et du spectacle vivant français. Dès le début de la législature, un rapport a été élaboré par M. Roch-Olivier Maistre. Ce travail a fourni les fondements de ce texte, qui ont ensuite été validés et complétés par le rapport – de grande qualité – rédigé par notre collègue Émilie Cariou et notre rapporteur Pascal Bois, à la demande du Premier ministre.

Lors de l'examen de cette proposition de loi par notre Assemblée en mai dernier, nous avons collectivement enrichi les missions du CNM en incluant, notamment, le soutien à la création et à la valorisation du patrimoine musical ou encore l'éducation artistique et culturelle. Sur les bases de ce travail, nous avons adopté ce texte à l'unisson, avant de l'adresser au Sénat. Sous la baguette de leur rapporteur, M. Jean-Raymond Hugonet – qui, pour ceux qui ne le sauraient pas, est un batteur émérite – les sénateurs ont à leur tour enrichi la partition grâce à un travail rédactionnel complémentaire, qui nous a permis de nous accorder sur le texte soumis au vote aujourd'hui.

Pour mémoire, le CNM rassemblera dans un même établissement les actuels Centre national de la chanson, des variétés et du jazz – CNV – , le Fonds pour la création musicale – FCM – , le Centre d'information et de ressources pour les musiques actuelles – IRMA – , le Bureau Export, et le Club action des labels et des disquaires indépendants français – CALIF. Ce rapprochement permettra de générer des effets de seuil et créera des leviers significatifs pour l'ensemble des acteurs de la filière. Car fédérer l'ensemble des parties prenantes revient à répondre aux enjeux de diversité culturelle, de soutien et de développement économique, d'innovation et de diffusion sur les territoires, et enfin d'exportation.

Il s'agit d'un signal positif majeur pour l'avenir de la deuxième industrie culturelle de notre pays, qui ne serait pas ce qu'elle est sans le talent des artistes, des éditeurs, des agents, des managers, des organismes de gestion collective, des associations professionnelles ou, plus généralement, de toutes celles et ceux qui prennent des risques, investissent et défendent notre exception culturelle.

Au premier semestre 2019, 80 % des ventes et des écoutes en streaming se sont portées sur des artistes produits en France. Une grande partie d'entre eux sont des jeunes talents, prouvant les vertus du crédit d'impôt à la production phonographique. Néanmoins, l'écosystème musical demeure fragile, étant soumis à une forte concurrence et à des risques de concentration des acteurs. Le CNM aura un rôle déterminant à jouer pour préserver l'indépendance du secteur, sa vitalité, son innovation et sa créativité.

Si nous adoptons ce texte aujourd'hui, le CNM sera créé le 1er janvier 2020, autant dire demain. Pour autant, si nous voulons que son objectif soit atteint, il nous faudra veiller à ce que la discussion budgétaire, qui va s'ouvrir dans quelques semaines, n'apporte pas de bémol. Un rapprochement de plusieurs établissements tels que ceux concernés implique des coûts liés à la réorganisation et à l'intégration des ressources humaines, ainsi que, plus globalement, la mise en oeuvre d'une stratégie de moyens, y compris financiers.

Mais pour l'heure, scellons la création de cette maison commune à toutes les musiques, aux variétés et au spectacle vivant, et donnons, par notre vote, le « la » à une filière impatiente d'interpréter cette oeuvre commune : « si mi la ré sol do fa ».

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