Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 23 juillet 2019 à 15h00
Modernisation de la distribution de la presse — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Comment défendre aujourd'hui le pluralisme dans le domaine de l'information ? Permettez-moi de ne pas me cantonner à la distribution de la presse et d'élargir la problématique.

La presse française bénéficie de nombreuses aides, directes et indirectes : aide postale, aide au portage, aide aux publications d'information politique et générale dont les ressources publicitaires sont faibles, aide à l'investissement et à l'innovation, etc. Les aides qui permettent aux journaux de bénéficier de tarifs postaux spécifiques représentent, à elles seules, 130 millions d'euros par an. On peut difficilement prétendre, dans ces conditions, que l'on veut soutenir les ventes en kiosque… Au total, les aides à la presse s'élèvent à 1,6 milliard, tous dispositifs confondus, y compris le taux réduit de TVA et l'achat d'espaces publicitaires par les différents ministères ou les collectivités locales.

Dès lors, que faire ? Il faut, avant tout, rendre leur liberté aux journalistes et aux titres qui les emploient. Comment ? En assurant leur indépendance, c'est-à-dire en mettant fin à leur assujettissement à l'égard des pouvoirs publics et des puissances d'argent. Cela passe par la suppression de la niche fiscale dont jouissent les journalistes – j'ai souvent eu l'occasion de la réclamer dans cet hémicycle – et une suppression progressive des aides à la presse, notamment des aides directes. Il en va de même pour internet. Ce point fait d'ailleurs la différence entre mes positions et celles qui sont défendues de l'autre côté de l'hémicycle.

Parallèlement, il faudra interdire aux sociétés qui entretiennent des relations étroites avec l'État – je pense notamment à celles du secteur de l'armement ou de celui du BTP – d'être propriétaires de grands groupes de médias.

L'établissement d'un véritable pluralisme de l'information exigera que l'on modifie également les règles du jeu concernant l'audiovisuel. Il faudra notamment réformer la composition du Conseil supérieur de l'audiovisuel et garantir, au sein du secteur public, un traitement équitable des différentes sensibilités politiques.

Enfin, il faudra se pencher sur le fonctionnement des écoles de journalisme, qui sont aujourd'hui de véritables machines à reproduire du prêt-à-penser.

Selon moi, c'est à ces conditions que nous pourrons sauver la presse.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.