Intervention de Edouard Philippe

Séance en hémicycle du mardi 25 juin 2019 à 15h00
Questions au gouvernement — Protection des plus vulnérables contre la canicule

Edouard Philippe, Premier ministre :

Vous m'avez interrogé, monsieur le président Chassaigne, sur l'épisode de très forte chaleur que notre pays commence à connaître, et qui devrait se poursuivre, dans des proportions rarement atteintes en France à en croire les prévisionnistes, jusqu'au week-end prochain. Cet épisode expose directement, vous avez eu raison de le souligner, les plus fragiles de nos concitoyens : fragiles, ils le sont soit en raison de leur santé, soit parce que leurs conditions de travail les exposent plus que d'autres à cette très forte chaleur, partant aux risques sanitaires – en plus de l'inconfort, bien sûr – qu'il y a à y être trop longuement exposé.

La première des choses à faire, et je sais que cela vous tient à coeur, est d'être attentif et de rappeler les conseils qui, pour ceux qui les connaissent, pour les « sachants » et pour l'ensemble des personnels médicaux, relèvent du bon sens : s'hydrater ; donner accès à des salles plus fraîches lorsqu'elles existent ; prendre soin de nos concitoyens – je suis sûr que vous y serez sensible, monsieur le président Chassaigne – en veillant à ce qu'ils aillent bien, en s'informant sur l'état de santé de ses voisins, en étant attentif aux premiers signes de déshydratation chez ceux que nous croisons, soit dans la rue, soit au travail. Être attentif et vigilant est donc la première chose.

La deuxième est de prendre, face à cette situation particulière, des mesures d'adaptation elles-mêmes particulières. C'est la raison pour laquelle, notamment, le ministre de l'éducation nationale a annoncé le report des épreuves du brevet prévues jeudi et vendredi. Même si cela soulève de nombreuses questions et peut ennuyer certains de nos concitoyens qui s'étaient déjà organisés, il nous a en effet paru de bon sens de ne pas astreindre les enfants en classe de troisième à une présence trop longue au sein des salles de classe, dans les conditions que nous savons, pour les épreuves du brevet. Ces épreuves auront donc lieu lundi et mardi prochains, lorsque la température sera retombée, d'après les prévisions, à un niveau plus raisonnable, ou en tout cas plus normal.

Cette mobilisation et cette vigilance doivent bien entendu être mises en oeuvre dans l'ensemble des services publics, dans tous les lieux qui accueillent du public : crèches, établissements pénitentiaires, écoles ou hôpitaux, bref, tous les lieux d'accueil, notamment des publics vulnérables.

Au-delà de l'urgence, de cet épisode extrême qui devrait donc durer jusqu'à la fin de la semaine, nous pouvons faire, vous avez raison, un certain nombre de constats. Le premier est que de tels épisodes se succèdent à une fréquence de plus en plus élevée, de sorte que l'anormal, sous l'effet du réchauffement climatique, tend à devenir le normal. Au-delà des mesures d'urgences – légitimes mais insuffisantes – , nous devons donc, disais-je, nous adapter : adapter notre société, notre bâti, notre urbanisme, notre architecture et nos services publics, afin d'être à la hauteur de cette transformation déjà à l'oeuvre, et qui continuera à produire ses effets.

Cela passe par une stratégie que nous avons mise en oeuvre, et dont certaines dispositions, d'ailleurs, ont déjà été débattues dans cet hémicycle : je pense, par exemple, à celles de la loi ELAN – évolution du logement, de l'aménagement et du numérique – pour végétaliser certains bâtiments et assurer la prise en compte, dans les programmes d'urbanisme, de la nécessité de « rafraîchir » les villes.

Troisième point : une fois que nous aurons adapté nos modes de vie, notre architecture et notre urbanisme à ces enjeux, nous devrons anticiper, et ce n'est pas le moindre d'entre de ces derniers, leur aggravation dans les années qui viennent. Nous le faisons, monsieur le président Chassaigne, à travers des mesures ambitieuses, …

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