Intervention de Christian Hutin

Séance en hémicycle du jeudi 23 mai 2019 à 9h30
Accord de coopération avec la belgique dans le domaine de la mobilité terrestre — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Hutin :

Voilà, 200 000 personnes. Il faut penser à ces gens. Si la vente d'armes est légitime, la France a le droit de la réaliser. La Résistance a eu besoin d'armes, tout comme des pays ou des mouvements démocratiques en ont eu besoin. La morale sur les ventes d'armes, très bien, mais, l'objet de cet accord est totalement différent.

L'accord est intelligent économiquement, pour une raison de surface tout d'abord : nous achetons beaucoup plus d'armes aux producteurs belges et français. Les armes sont comme les fleurs, plus on en achète, moins elles sont chères. C'est une excellente chose.

En outre, la France n'est pas flouée. Monsieur le rapporteur, vous ne direz pas le contraire, c'est la France qui est maître d'oeuvre et qui lance l'appel d'offres. Les deux pays achètent ensuite les armes.

Il n'est pas possible de construire l'Europe de la défense avec tout le monde, les différences de positions sur des pays étrangers comme la Russie étant trop grandes. Mais comment pourrions-nous ne pas nous entendre avec la Belgique ? C'est la première fois que le niveau d'interopérabilité – je ne suis pas un spécialiste militaire – entre les armées de terre de deux pays est si élevé. Ce n'est pas un transfert de technologies, mais une coopération dans un cadre technologique. C'est unique ! Je ne connais aucune convention atteignant ce niveau de coopération.

Celle-ci s'inscrit dans une longue durée de quarante ans. C'est cela, non ? Vingt-cinq, trente, quarante ans ? Cet accord est sérieux, car il n'est pas ponctuel : il ne s'agit pas d'acheter un avion ou un char, mais de s'inscrire dans la durée.

Autre point important, nous faisons plus fort que l'OTAN, dont l'interopérabilité n'atteint pas le niveau de la coopération entre la France et la Belgique. Ne pas signer un tel accord serait incompréhensible. Nous sommes plus forts que les États-Unis et l'OTAN sur ce point. Deux pays souverains s'entendent pour acheter des armes en France, dans l'intérêt de la France et de la Belgique. Je ne vois vraiment pas comment on peut s'opposer à un tel accord, alors que je suis très loin d'être un va-t-en-guerre.

Citons un auteur belge : « Quand on n'a que l'amour pour parler aux canons ; et rien qu'une chanson pour convaincre un tambour », chantait Jacques Brel. C'est un domaine compliqué que les armes, où la violence est présente, mais la force est légitime si elle est utilisée pour défendre des démocraties. L'accord correspond à l'essence historique de la France et de la Belgique. Je suis Dunkerquois : « duin kerk », l'église dans les dunes. Il y a encore des Français qui pensent que Dunkerque est en Belgique – pas beaucoup, mais il y en a.

Relisez La Guerre des Gaules de Jules César : à cette époque, un tiers de la France était la Belgique. L'Histoire a fait de la Belgique un État tampon, indépendant en 1830. Ce pays a été violé deux fois dans notre Histoire, mais il est toujours resté notre allié.

Madame la présidente de la commission, monsieur le rapporteur, vous l'avez dit hier, les militaires belges ont une réelle valeur. L'assaut de Kolwezi, destiné à sauver des otages, a été mené, il y a plus de quarante ans, par des militaires belges et français. Les militaires belges sont valeureux. C'est la famille, une famille qui date de la Gaule. Une famille composée des Morins, qui étaient des Dunkerquois, des Ménapiens, des Atrébates, des Veromanduens, dont je suis génétiquement très investi.

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