Intervention de Agnès Pannier-Runacher

Séance en hémicycle du lundi 29 avril 2019 à 16h00
Débat sur la politique industrielle du gouvernement : ni défensive ni offensive

Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'état auprès du ministre de l'économie et des finances :

Elles nous empêchent notamment de faire émerger des entreprises industrielles européennes capables de rivaliser avec leurs concurrentes chinoises ou américaines. Il faut avoir en tête que la spécificité de la France est de disposer de grands groupes, alors qu'en Allemagne, il y a surtout des entreprises de taille intermédiaire et, en Italie, au Portugal et en Espagne, des PME. Le risque, c'est donc que ces pays perçoivent les entreprises françaises comme des prédateurs. Or notre propos n'est pas du tout celui-là ; ce que nous voulons, c'est créer une dynamique européenne qui nous permette de nous défendre face à des prédateurs extérieurs et d'apprécier la concurrence en tenant compte du fait que le marché n'est plus seulement européen, mais qu'il est mondial et fluctuant, chaque appel d'offres pouvant remettre en question la répartition des différentes parts de marché. Il faut s'y préparer. Le cas de Siemens Alstom en est une bonne illustration. Une compétition pour des trains s'est déroulée au Royaume-Uni au moment même où la Commission européenne instruisait le dossier. Or cinq concurrents étaient encore en lice pour le dernier round : cela montre bien que le marché sur lequel interviennent Alstom et Siemens reste quand même très concurrentiel.

Nous devons adopter la même approche en matière de politique commerciale, de marchés publics, de transports et d'énergie. L'industrie doit être le fil rouge de nos politiques européennes, y compris en matière écologique. À chaque fois, nous devons nous poser les questions suivantes : quel est l'impact de cette politique sur notre tissu industriel ? Pourquoi retenir cette option ?

Enfin, j'en suis d'accord, monsieur Marleix, nous devons sanctionner les tax rulings et le dumping fiscal – qui n'est jamais qu'une forme d'aide d'État. Il faut aller plus loin en matière d'harmonisation sociale et fiscale. C'est un des aspects de notre programme pour l'Europe. Tel est le sens de la déclaration des Amis de l'industrie du 18 décembre dernier. Nous continuons à avancer avec nos partenaires allemands – mais pas qu'eux – pour conforter un capitalisme européen soucieux du partage de la valeur avec les salariés et mener à bien la transition écologique et énergétique. Avoir un peu d'avance en ce domaine est aussi une façon d'être plus compétitifs que les autres.

En définitive, nous ne manquons ni d'ambition ni de réalisme. Nous savons d'où nous venons, le chemin qui nous reste à parcourir et les défis décisifs pour notre industrie. C'est en relevant chacun de ces défis que nous consoliderons notre croissance, que nous atteindrons d'ici à 2025 les objectifs en matière d'emploi fixés par le Président de la République…

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