Intervention de Sébastien Jumel

Séance en hémicycle du lundi 29 avril 2019 à 16h00
Débat sur la politique industrielle du gouvernement : ni défensive ni offensive

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

« C'est un bassin économique qui va mourir... On prend quarante étages dans la tronche. » Voilà la phrase qu'on a entendue il y a un mois, quand le tribunal de commerce scellait le sort des 580 ouvrières et ouvriers d'Arjowiggins dans la Sarthe. Cette liquidation se traduit par une saignée, par une addition de galères familiales. Je le rappelle, même si c'est avec retenue, parce que derrière les machines arrêtées, il y a des vies bousculées. La presse vient d'ailleurs de faire état du suicide d'un ex-salarié de cette entreprise, père de deux enfants, qui travaillait depuis trente-trois ans à la coupe et aux finitions.

Arjowiggins est loin d'être un cas isolé : les plans sociaux, les fermetures industrielles, les sauvetages partiels avec dégraissages et salariés laissés au bord du chemin, ne connaissent pas la crise. La moitié seulement des salariés de GM& S, dans la Creuse, licenciés en 2017, ont retrouvé un emploi. Le rachat d'Alstom par General Electric, qui promettait la création de 1 000 emplois en France, se solde par 600 suppressions d'emplois dans les énergies renouvelables. L'usine Peugeot d'Hérimoncourt, lieu de naissance de la marque en 1833, va être délocalisée à Vesoul, en Haute-Saône, avec ses 200 emplois, conduisant à une dévitalisation sans précédent de ce qui était un territoire d'industrie à la campagne. Froneri, dans l'Oise, qui comptait 317 salariés, a fermé son site en février : 130 salariés sont encore sur le carreau. La Fonderie du Poitou, 800 salariés, est passée sous contrôle d'un groupe anglo-indien, un sauvetage qui entraîne 75 suppressions d'emplois dans la fonte. Ford ferme son site de Blanquefort dans un bras d'honneur à l'État, laissant 900 salariés sur le sable.

L'inventaire est loin d'être complet, mais ces exemples posent la question du fossé qui existe entre les déclarations du Président de la République et les vôtres, madame la secrétaire d'État, sur le redémarrage industriel, et la réalité. Pourtant, les salariés et leurs syndicats ont formulé des alternatives pertinentes, qu'il aurait fallu prendre en compte.

Début 2019, le solde entre les ouvertures et les fermetures d'usines est négatif dans notre pays, contrairement à ce que dit le Gouvernement, car celui-ci ne s'est pas doté d'une véritable politique d'ensemble. C'est ce constat que l'on doit malheureusement faire. Il y a bien un ministre de l'économie et des actions comme Territoires d'industrie, dont ma circonscription bénéficie elle aussi, mais un ministre contraint d'agir comme un pompier pour limiter la casse sociale ne remplace pas plus qu'une ambulance le programme à grande échelle qui fait défaut à la France après quarante années d'abandon de la politique industrielle.

La politique pour la finance, celle qu'a choisie Emmanuel Macron, une politique néolibérale de l'offre taillée sur mesure pour le CAC 40, ne fait pas une politique industrielle, madame la secrétaire d'État.

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