Intervention de Agnès Buzyn

Séance en hémicycle du jeudi 21 mars 2019 à 21h30
Organisation et transformation du système de santé — Après l'article 7 quinquies

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Je comprends tout à fait l'objectif de ces amendements, qui est de diversifier les lieux où les femmes peuvent réaliser un frottis afin d'augmenter leur participation au dépistage du cancer du col de l'utérus. C'est là, en effet, un problème majeur puisque, faute d'un frottis régulier, trop de femmes meurent de ce cancer tout à fait évitable. Lorsqu'on analyse les causes pour lesquelles elles ne réalisent pas de frottis, on découvre que ce n'est pas tant faute d'avoir pu trouver un professionnel, que parce qu'elles n'ont pas suffisamment pris en compte la nécessité d'effectuer cet acte tous les trois ans. Certaines d'entre elles – les enquêtes, hélas, le montrent – se croient même protégées sur le long terme une fois qu'elles ont réalisé un frottis.

Il est donc important que les femmes s'inscrivent dans un suivi très sérieux de prévention des cancers gynécologiques, et ce n'est pas la multiplication des lieux où l'on peut réaliser un frottis qui le permettra. Je ne suis donc pas très favorable à cet amendement car, là où la femme réalise un frottis, on doit aussi l'orienter vers une mammographie et une palpation des seins. Les sages-femmes et les médecins généralistes sont donc les seuls professionnels en mesure d'assurer un suivi gynécologique ad hoc pour la prévention des cancers.

Comme l'a dit M. le rapporteur, nous avons instauré, dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018, une mesure relative à la consultation de prévention des cancers, entièrement prise en charge par la sécurité sociale, pour toutes les femmes âgées de vingt-cinq ans. Cette consultation doit permettre d'évaluer, pour chaque patiente, le niveau de risque de cancer du sein ou du col de l'utérus. Elle se voit ensuite prescrire un parcours de soins, lequel précise la fréquence des mammographies ou des frottis. Pour le frottis, le choix du lieu est assez simple : les patientes peuvent se rendre chez un médecin généraliste, un gynécologue ou une sage-femme, nous insistons bien sur ce point dans toutes les campagnes de dépistage.

Bref, l'enjeu est moins dans la multiplicité des lieux de consultation que dans un suivi au long cours, qui permette aux femmes de s'inscrire dans un parcours très cadré de dépistage des cancers, que les pharmaciens biologistes ne sont pas à même d'assurer. Si je ne suis pas favorable à ces amendements, ce n'est parce que j'estime que les pharmaciens biologistes ne sont pas capables d'effectuer l'acte dont nous parlons. Ils en sont capables, car ils l'effectuent déjà pour certaines infections, mais ils ne peuvent assurer l'intégralité de l'accompagnement nécessaire pour les femmes qui réalisent un frottis, à commencer par la palpation des seins, obligatoire dans ce cadre.

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