Intervention de Agnès Buzyn

Séance en hémicycle du jeudi 21 mars 2019 à 9h30
Organisation et transformation du système de santé — Article 6

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Pour avoir été membre du jury, je peux vous assurer que ce concours est un faux concours : on regarde surtout le CV des candidats, leur formation, leurs titres et leurs travaux. Or pour faire passer ce pseudo-examen, il faut mobiliser le ban et l'arrière-ban des praticiens hospitaliers et perdre énormément de temps, le tout pour un taux d'admission de 95 %. Mieux vaut donc réellement recruter sur titres et travaux. C'est pourquoi nous supprimons le concours, mais nous maintenons la période probatoire d'un an, destinée à vérifier que les recrues ont bien les qualités et les compétences requises et réussissent à s'intégrer dans leur équipe. Nous faisons simplement disparaître un acte administratif inutile.

Le statut de praticien hospitalier, quant à lui, est conservé mais nous créons un statut unique, permettant à ceux qui le souhaitent d'avoir une activité libérale – j'insiste toutefois sur le fait qu'elle doit avoir lieu en dehors de l'hôpital ; nous ne favorisons pas l'exercice libéral au sein des hôpitaux.

Les anesthésistes, par exemple, ont tout intérêt à exercer dans des cliniques privées, si bien que les hôpitaux publics ont le plus grand mal à en recruter. Or sans anesthésiste, comment faire fonctionner un bloc opératoire ? Nous pensons que le recrutement de ces spécialistes serait plus facile s'ils pouvaient, si vous me passez l'expression, mettre du beurre dans les épinards en exerçant une journée par semaine dans une clinique proche. Telle est notre idée : favoriser un exercice mixte pour rendre l'hôpital plus attractif. Nous ne souhaitons en aucun cas faire concurrence à la médecine libérale, mais il nous semble opportun d'éviter que les médecins soient obligés de choisir, pour le reste de leur carrière, entre les exercices libéral et hospitalier.

Je souhaite par ailleurs rassurer la gauche de l'hémicycle quant au sort de la fonction publique hospitalière : il est hors de question de supprimer le statut de praticien hospitalier ; simplement, nous créons un contrat unique, rendant possible l'exercice mixte, mais sans remettre en cause l'activité des praticiens hospitaliers souhaitant exercer à temps plein.

Ce sont d'ailleurs ces derniers, ceux qui passeront la plus grande part de leur temps à faire tourner l'hôpital, qui seront impliqués dans la gouvernance hospitalière, et non les contractuels qui n'y exerceront qu'une journée par semaine.

Ainsi, nous ne détricotons pas le statut de praticien hospitalier : nous ne faisons que l'alléger pour rendre ces postes plus attractifs dans nos hôpitaux généraux.

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