Intervention de Agnès Buzyn

Séance en hémicycle du mardi 19 mars 2019 à 15h00
Organisation et transformation du système de santé — Article 2

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Beaucoup de choses ont été dites.

Comme Mme la rapporteure, je pense que l'important, ce sont les mises en situation. Les jeunes vont apprendre ainsi, pas grâce à l'inscription dans la loi d'une énième priorité de la formation.

Nous sommes bien entendu tous convaincus que les violences faites aux femmes constituent un sujet majeur, priorité du quinquennat ; d'ailleurs, il existe déjà un module de formation, que suivent tous les étudiants, sur la prise en compte des vulnérabilités, qui traite des violences sexistes, du respect du corps d'autrui et des violences faites aux femmes.

Toutefois, inscrire ce sujet dans la loi mettrait immédiatement en lumière toutes les questions qui n'y figurent pas. Cette absence serait interprétée par certains comme le signe de la moindre importance que lui accorde le législateur : les associations qui s'occupent de la violence faite aux enfants, celles qui visent à la prise en compte du handicap, celles qui luttent contre les discriminations et celles qui militent pour le recours au droit se sentiraient toutes lésées, car leur cause n'apparaîtrait pas dans la loi.

Ce serait d'autant plus regrettable que nous avons consenti des efforts particuliers. J'ai oublié de le dire, outre l'arrêté qui fera de cette formation une priorité de l'ANDPC, nous avons labellisé cette année dix centres de prise en compte du psychotrauma. Je rappelle que ces centres sont financés et agiront dans la France entière, avec la mission de créer des réseaux de prise en charge, notamment des femmes ayant subi des violences dans les hôpitaux. Ces centres de psychotrauma formeront également les professionnels dans les endroits les plus reculés du réseau. Les connaissances et les pratiques issues de ces centres se diffuseront. La France est le seul pays au monde à avoir organisé une prise en charge structurée et officielle du psychotraumatisme, et à l'avoir financée, au travers d'un centre national de recours et d'expertise qui permettra d'acquérir des compétences.

Nous sommes totalement mobilisés sur ces sujets et en avance sur tous les pays européens et mondiaux. Nous avons mis cette question dans les modules de formation et en avons fait une priorité à l'ANDPC. Mais n'oubliez pas que tout ce qui est inscrit dans la loi fait apparaître ce qui ne l'est pas : les personnes luttant contre les autres vulnérabilités se plaindront que leur champ d'action ne soit pas pris en compte comme une formation prioritaire dans les études de médecine. Adopter ces amendements nous ferait courir un risque. J'émets donc un avis défavorable.

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