Intervention de Jean-Carles Grelier

Séance en hémicycle du lundi 18 mars 2019 à 16h00
Organisation et transformation du système de santé — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Carles Grelier :

Et ce que je vois depuis quelques années, ce que je découvre mois après mois, c'est un système qui tente désespérément de se survivre à lui-même. J'ai cessé de dire que notre système de santé allait dans le mur, car il y est déjà, et l'on se refuse à l'admettre.

L'hôpital public est en grande souffrance ; le plus souvent, il ne tient plus qu'en raison du formidable engagement professionnel et humain des personnels, de tous les personnels sans exception. Mais nos hôpitaux ne produisent plus la médecine de qualité que nos concitoyens sont en droit d'attendre.

L'espérance de vie en France n'a pas seulement cessé de croître : elle a amorcé le mouvement inverse. Et quand la vie vient à se prolonger, c'est rarement en bonne santé. La génération qui nous précède se bat avec la multiplication des maladies chroniques : c'est là le résultat d'années durant lesquelles la prévention et l'éducation à la santé ont été laissées en jachère. Il est probable que notre génération et celle de nos enfants seront condamnées à subir le même sort funeste.

Nos hôpitaux n'investissent qu'avec peine, tant pèse sur eux le poids d'une dette qui dépasse désormais les 30 milliards d'euros, et qu'ils traînent comme un boulet depuis des lustres. Le monde du médicament est asphyxié sous l'effet de réductions budgétaires toutes plus drastiques et autoritaires les unes que les autres. L'accès à l'innovation thérapeutique est devenu un tel casse-tête administratif que bon nombre de protocoles sont désormais réalisés hors de France.

Imagine-t-on ailleurs qu'en France qu'il faille à l'administration plus de 500 jours entre l'obtention d'une ATU – autorisation temporaire d'utilisation – et la fixation du prix de la molécule innovante par le comité économique des produits de santé, alors qu'une directive européenne fixe ce même délai à 180 jours au maximum, et que l'Allemagne affiche fièrement un délai de 90 jours ?

À l'évidence, on pourrait en rire, ou à tout le moins en sourire, s'il n'y allait de la vie et du traitement de nombreux malades, dont beaucoup n'attendront pas 500 jours. Je saisirai prochainement la Cour européenne des droits de l'homme, afin qu'elle statue sur cette évidente perte de chances imposée aux patients français du fait de l'incurie de notre système administratif.

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