Intervention de Cécile Untermaier

Séance en hémicycle du mardi 19 février 2019 à 15h00
Citoyen sauveteur — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCécile Untermaier :

Je tiens à remercier tout particulièrement notre collègue Jean-Charles Colas-Roy de son travail, ainsi que M. le vice-président Hugues Renson.

Nous sommes très heureux d'avoir l'occasion d'examiner une proposition de loi transpartisane – au demeurant, nous l'aurions volontiers cosignée, si l'Assemblée nationale avait la souplesse d'accueillir l'examen de textes explicitement transpartisans et de les traduire dans les faits.

On estime qu'entre 40 000 et 50 000 cas de mort subite – autre nom de l'arrêt cardiaque inopiné – surviennent chaque année en France. Cela représente entre 5 et 10 % des causes de mortalité, et près de la moitié des décès d'origine cardiaque. Il s'agit donc d'un enjeu de santé publique. La réponse de solidarité proposée ici recueille évidemment tout nos suffrages. Il faut savoir que le taux de survie des victimes est de 3 % seulement dans notre pays, alors que de nombreux arrêts cardiaques surviennent devant témoins. Ce sont ces témoins qui doivent devenir des citoyens sauveteurs. Ce constat implacable doit nous amener à nous interroger sur l'incapacité de la France à égaler les autres États membres de l'Union européenne.

Si les gestes de premiers secours ne sont pas réalisés rapidement, les chances de survie sont quasi nulles puisque les secours mettent en moyenne treize minutes pour arriver sur les lieux de l'accident – et même souvent davantage dans nos campagnes.

D'ailleurs, comme j'ai eu l'occasion de le dire en commission des lois, dans mon département de Saône-et-Loire, nous sommes actuellement mobilisés pour défendre le maintien au centre hospitalier de Chalon-sur-Saône d'une unité de soins intensifs en cardiologie dont l'avenir est menacé à brève échéance. La moitié des activités de cette unité concerne les pathologies des artères du coeur. S'il n'y a pas de coronarographie ni d'angioplastie dans un centre comme Chalon-sur-Saône, il n'y aura plus assez d'activité et le service de soins intensifs fermera tout bonnement ses portes. Les patients devront alors être redirigés vers des hôpitaux qui, pour l'instant, n'ont pas les moyens de les accueillir et, surtout, se situent à plus d'une heure des lieux habités de notre département. J'ai pu constater la grande inquiétude de nos concitoyens à ce sujet, car ils savent combien la rapidité de l'intervention et de la prise en charge sont déterminantes pour traiter cette pathologie.

Je reconnais tout l'intérêt de ce texte, en rappelant à cette occasion que si le dévouement citoyen est évidemment très utile, il est également essentiel de bénéficier de la présence, à proximité, du service public de santé.

Seuls 27 % des Français sont formés aux gestes qui sauvent, et 17 % initiés aux premiers secours et à l'utilisation d'un défibrillateur. Parmi les personnes formées, beaucoup nous disent avoir oublié les gestes appris ; par manque de pratique, elles se sentent incapables de les effectuer ou n'en ont pas l'audace.

En 2016, une grande campagne d'information, « Adoptons les comportements qui sauvent », avait été lancée, avec l'objectif de diffuser auprès du plus grand nombre les bons comportements face aux risques. En oeuvrant à la maîtrise des comportements dans ces situations extrêmes, on peut sauver des vies ; la connaissance de réflexes simples peut éviter le pire. Mais la formation doit s'inscrire dans le temps ; elle doit être répétée régulièrement pour donner au sauveteur l'audace d'intervenir.

N'oublions pas – mais vous ne le faites pas – les services d'incendie et de secours, qui sont, dans nos campagnes, les premiers acteurs dispensant les gestes qui sauvent. Du reste, ils nous demandent régulièrement de les aider à financer des plans de formation des enfants en milieu scolaire, et en particulier au collège et au lycée. La généralisation de la formation tout au long de la vie est un véritable enjeu, de l'école primaire à l'entreprise, en passant par le permis de conduire. Il faut ainsi répandre autant que possible l'enseignement des gestes permettant de sauver une vie.

Rappelons que les collectivités ont également fait des efforts en plaçant des défibrillateurs dans les espaces publics ou à proximité des lieux de vie. Il faut les associer à ce travail citoyen.

Enfin, au-delà des problèmes de défaillance ou d'infraction que vous avez relevés, il convient de faciliter le développement et l'utilisation des défibrillateurs, ainsi que d'améliorer leur visibilité : l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé s'inquiète d'un mauvais suivi de ces machines, qui peut entraver leur bon fonctionnement. Ces équipements ne sont pas contrôlés assez régulièrement, il n'existe bien souvent pas de plan permettant de les localiser rapidement et, parfois, personne à proximité ne sait s'en servir. Je ne doute pas que le dispositif de géolocalisation que vous prévoyez, ainsi que les applications qui l'utiliseront, permettront au moins de trouver ces appareils plus facilement.

Nous avons donc, en matière de gestes qui sauvent, des marges de progrès en termes de formation comme d'action. Ce texte, élaboré en lien avec les acteurs de terrain, est un bon travail ; il constitue une avancée dans la bonne direction. Le groupe Socialistes et apparentés le votera sans hésitation.

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