Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du jeudi 7 février 2019 à 9h30
Débat sur la montagne d'or — Débat

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Avec les termes propres à la culture qui est la sienne, voici ce que disait un chaman yanomami il y a une trentaine d'années : « [les chamans] seront incapables de repousser les fumées d'épidémie qui nous dévorent. Ils ne parviendront plus à contenir les êtres maléfiques qui feront tourner la forêt au chaos. Nous mourrons alors les uns après les autres et les blancs autant que nous. Tous les chamans finiront par périr. Alors si aucun d'entre eux ne survit pour le retenir, le ciel va s'effondrer. »

Cela peut en faire rire certains, mais les spécialistes du climat et de la biodiversité ne sont pas loin des mêmes conclusions aujourd'hui, avec nos mots et notre raison moderne. Pourtant vous n'entendez ni l'un ni les autres. La construction d'une mine à ciel ouvert ne devrait pas faire débat aujourd'hui : c'est un projet d'un autre siècle, qui doit évidemment être abandonné. La France n'en a aucun besoin. La Guyane doit être au contraire un laboratoire français des emplois pour la biodiversité, qui eux seront pérennes, et de la transition écologique dans son ensemble.

C'est en ces termes que nous devons poser la question démocratique : pourquoi imposer un projet dont personne ne veut et qui est d'un archaïsme absolu ? Les peuples autochtones de Guyane se lèvent contre cette injustice évidente. Ils défendent leurs territoires ancestraux, et avec eux l'humanité universelle. La consultation libre, informée et a priori des peuples autochtones pour tout grand projet est une obligation légale inscrite dans la convention 169 de l'Organisation internationale du travail, relative aux peuples indigènes et tribaux. Il faut que la France signe et ratifie ce traité.

Entendez cette idée, articulée à notre époque, plutôt que de continuer à vous enferrer dans le néant de vieux projets extractivistes. La démocratie n'est rien, monsieur le ministre d'État, chers collègues, sans les terres qui rendent notre vie possible.

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