Intervention de Gabriel Serville

Séance en hémicycle du jeudi 7 février 2019 à 9h30
Débat sur la montagne d'or — Débat

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

Renoncez, monsieur le ministre d'État, à cette folie meurtrière qui fera déverser en pleine forêt amazonienne chaque année, je dis bien chaque année, 3 300 tonnes de cyanure, 3 000 tonnes de chaux, 100 tonnes de nitrate de plomb, 1 800 tonnes de métabisulfite de sodium, 60 tonnes de sulfate de cuivre, 84 tonnes de soude et 24 tonnes d'acide sulfurique. On est à des année-lumière de la « trajectoire outre-mer 5. 0 » déclinée par le ministère des outre-mer, qui se fixe comme ambition zéro déchet, zéro carbone, zéro intrant chimique, zéro exclusion et zéro vulnérabilité ! Il s'agit là de dynamiques radicalement opposées, dont le rapprochement relève de la pure schizophrénie.

Renoncez à cette ineptie qui engloutira 560 000 euros par emploi créé. Renoncez à cette aberration qui réside dans l'industrialisation à tout prix d'une filière aux effets d'entraînement quasi nuls, et qui va à l'encontre de toutes les belles ambitions que nous avons pour ce territoire.

Non, monsieur le ministre d'État, contrairement à ce qui se dit ça et là, l'opposition à ce projet n'est ni dogmatique, ni idéaliste. Les rapports du Conseil général de l'environnement et du développement durable de 2016 et du cabinet Deloitte de 2018 démontrent ce que nous savons déjà : le développement économique et social de la Guyane et des outre-mer en général passe par le développement des filières durables. Les atouts sont là, les richesses également – je pense notamment à l'abondance des eaux douces renouvelables, qui ne sauraient être impunément souillées par l'activité des industries extractives. La seule chose qui nous manque cruellement, c'est la volonté et surtout le courage politique de développer des filières tournées vers l'avenir. Nous devons renoncer à tout enfermement dans une stratégie où les profits d'une minorité d'actionnaires se feraient au détriment du peuple et au péril de notre environnement.

C'est pourquoi je veux croire, monsieur le ministre d'État, en votre engagement, en celui du Président de la République et en celui de la France, qui ne sauraient se résumer à des slogans. Il faut que soit enterré rapidement ce projet néfaste pour la Guyane et pour l'image de la France, car la Montagne d'or laissera rapidement place à un vaste trou empli d'ordures.

Monsieur le ministre d'État, mettons la Guyane sur les voies du développement durable, car elle dispose de tous les potentiels pour être enfin érigée au rang de carrefour mondial d'excellence.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.