Intervention de Didier Guillaume

Séance en hémicycle du jeudi 7 février 2019 à 9h30
Questions sur la mise en oeuvre de la loi agriculture et alimentation

Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

Monsieur le président Chassaigne, je veux rappeler que la volonté, tant du Président de la République que celle exprimée lors des états généraux de l'alimentation, auxquels vous avez tous participé et qui ont été une grande réussite, est d'en finir avec ce qui s'est pratiqué durant des décennies et d'inverser totalement la construction des prix. En effet, ceux qui se font étrangler dans la négociation sont toujours les mêmes. Ce n'était plus possible. D'où le titre Ier de la loi Egalim, qui inverse la construction des prix agricoles.

Un menuisier qui fabriquerait ce banc de ministre ou de commission pour un coût de 100 le vendrait 110, mais un producteur de lait dont le coût de revient est de 39 centimes au litre le vend 30 centimes et un producteur de boeuf ne vend que 3,50 euros le kilo une production qui lui a coûté 5 euros. Ce n'est pas possible ! Changer cette situation est l'enjeu de cette loi.

Je ne peux pas faire le bilan d'une loi entrée en vigueur il y a sept jours seulement, mais j'ai rencontré tous les industriels et les patrons de la grande distribution et n'ai pas hésité à leur mettre la pression. La semaine prochaine, nous réunissons, avec Bruno Le Maire, le comité de suivi des négociations commerciales. La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes – DGCCRF – a reçu la consigne de traquer les prix et les manquements à la loi. Je vais interpeller le médiateur des relations commerciales pour qu'il se penche sur ce sujet. Le Gouvernement est tout entier mobilisé pour que les agriculteurs puissent vivre de leur travail et voient leur revenu augmenter.

Est-ce que cela ira assez loin dès la première année ? Je l'espère, mais probablement pas. Nous avancerons marche après marche. Je suis très heureux de l'accord intervenu jeudi dernier dans l'interprofession du bétail et des viandes, Interbev, puisque la filière bovine est tardivement – mais mieux vaut tard que jamais !– parvenue à fixer un coût de production ; l'industriel, comme vous l'avez dit, s'est abstenu, ce qui est normal : il faut un peu forcer l'ensemble de la chaîne, tout le monde, de l'amont à l'aval, devant consentir des efforts. L'objet de cette loi est de faire un effort pour que l'inversion de la construction du prix entraîne un meilleur revenu pour les agriculteurs. CQFD. Ce n'est pas de la langue de bois, c'est la réalité.

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