Intervention de Loïc Prud'homme

Séance en hémicycle du jeudi 7 février 2019 à 9h30
Questions sur la mise en oeuvre de la loi agriculture et alimentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

Je vous prie en effet d'excuser notre collègue, qui a été retardée.

Voici venu le temps des gilets jaunes, monsieur le ministre. Partout dans le pays, les Français des classes moyennes et populaires vous disent : stop ! Cela suffit ! On n'en peut plus ! Ils vous clament que leur travail n'est pas assez rémunéré, que l'impôt n'est pas juste, qu'ils n'arrivent pas à boucler les fins de mois. Mais rien n'y fait. Vous continuez à faire la sourde oreille ; vous continuez à suivre votre chemin, en regardant vos pieds, un peu honteux, mais sûrs de la direction que vous empruntez.

Pourtant cette direction n'est pas la bonne pour le pays et fait souffrir nos concitoyens en grand nombre. Nouvel exemple des effets désastreux de votre politique sur les conditions de vie : cette loi Egalim, que nous évoquons ce matin. Nous vous avions pourtant avertis, mais vous n'aviez rien voulu entendre. Le seuil de revente à perte ayant été relevé, les prix dans l'alimentation ont augmenté en moyenne de 6 % au 1er février 2019. Des mesures d'augmentation des salaires, à commencer par celle du SMIC, et, mécaniquement, de tous les salaires indexés, doivent être décidées pour faire face à cette réalité.

Sans doute, la pensée magique du Président de la République vous avait-elle frappés ! Les distributeurs, sans contrainte aucune, diminueraient leurs marges, plutôt que de répercuter l'augmentation sur les consommateurs. Un peu comme les propriétaires avaient été appelés par le Verbe présidentiel à baisser les loyers, lorsque vous diminuiez les APL !

À court terme, votre loi emporte deux conséquences injustes. D'un côté, les classes populaires et moyennes, déjà à la peine, vont devoir payer plus pour manger, voire manger moins. De l'autre côté, les paysans ne toucheront rien de plus qu'auparavant. Il faut, monsieur le ministre, fixer un prix plancher d'achat en-dessous duquel les paysans ne puissent pas vendre et plafonner les marges indécentes que pratique la grande distribution. Les actionnaires des groupes Auchan ou Carrefour, Mulliez et autres Arnault, vous remercient !

Rappelons, tout de même, que, sur 1 euro de valeur alimentaire, seuls 7,5 centimes reviennent aux paysans, dont un tiers d'entre eux gagnent moins de 350 euros par mois. Votre loi Egalim ne change rien à ce problème immense. Favoriser les circuits courts, relocaliser la production, développer l'agriculture biologique, sans pesticides, plus rémunératrice pour nos paysans : les solutions sont à portée de main. Quand comptez-vous agir pour inscrire dans la loi des contraintes claires, plutôt que de défendre les cartels de la grande distribution et leurs actionnaires ?

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