Intervention de Jean-Hugues Ratenon

Séance en hémicycle du mardi 29 janvier 2019 à 15h00
Délai d'intervention du juge des libertés et de la détention en rétention administrative à mayotte — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Hugues Ratenon :

En premier lieu, des milliers d'enfants – le président de notre groupe l'a rappelé – vivent dans l'archipel sans domicile fixe. Ils sont en danger, et la société avec eux. Abandonnés par le système, abandonnés par la France sur son propre territoire, sans père ni mère, ils sont livrés à eux-mêmes. Ils n'ont presque rien à manger et vivent dehors, souvent sous la pluie et dans la boue. N'est-il pas du devoir du Gouvernement de les sauver ? L'urgence n'est-elle pas de faire respecter les droits de l'enfant sur ce territoire ? Quelle puissance économique comparable accepterait que ses enfants vivent dehors, sans toit, sans repas, sans famille et sans attaches ?

Rappelons à nouveau quelques chiffres : à Mayotte le montant du SMIC brut est de 1 148,12 euros, alors qu'ailleurs en France il s'élève à 1 521,22 euros, soit un écart de 373,10 euros par mois. Est-ce acceptable ?

En outre, 84 % des Mahorais vivent sous le seuil de pauvreté, contre seulement 14 % des habitants de l'Hexagone, et un habitant sur cinq y touche moins de 100 euros par mois, soit 3,30 euros par jour. Cela se passe en France, c'est-à-dire au sein de la cinquième puissance économique mondiale !

Enfin, le montant du revenu de solidarité active à Mayotte est deux fois moins élevé que celui appliqué ailleurs en France, et l'archipel compte deux fois moins de lits d'hôpitaux par habitant que l'Hexagone.

Mes chers collègues, imaginez cette situation et ces chiffres transposés à vos départements respectifs : cela vous paraîtrait-il acceptable ? Non. Donc cela ne l'est pas plus pour Mayotte.

Nous pourrions ainsi passer des heures à dresser la liste des très grandes inégalités dont souffre ce département par rapport à la métropole.

Il y a quelque mois, Mayotte a été le théâtre d'un grand mouvement social. Vous avez alors annoncé un plan de rattrapage dont on n'entend depuis que très peu parler. Nous espérons qu'il portera ses fruits et qu'il ne s'agira pas d'une énième promesse, c'est-à-dire de vent.

J'ai l'impression, à l'écoute des débats, que certains d'entre nous pensent que les problèmes de développement que connaît Mayotte sont tous dus à la crise migratoire. C'est incroyable : on ne peut pas trouver meilleur argument pour exonérer le Gouvernement de ses responsabilités s'agissant des retards systémiques de développement que connaît l'île ! Le manque d'investissements financiers de la part de l'État est en effet la principale source de sa situation catastrophique.

Oui, la question de l'immigration est un réel problème à Mayotte et il est urgent de trouver des solutions. Mais votre texte ne répond pas à l'enjeu. Il n'a pour seul objectif que de renforcer un pouvoir arbitraire et le désordre dans la zone.

Si je soutiens Mayotte, nous ne voterons donc pas cette proposition de loi inutile et régressive.

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