Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mardi 29 janvier 2019 à 15h00
Délai d'intervention du juge des libertés et de la détention en rétention administrative à mayotte — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Très bien ! Nous devons mettre la marine nationale en état d'assumer ses responsabilités. Je profite de l'occasion, même si le rapport avec ce sujet est un peu lointain, pour renouveler ma condamnation de l'idée lamentable de M. Ayrault, de permettre aux navires de commerce et autres, de se doter eux-mêmes de gardes armés pour leur voyage. C'est à la marine nationale et à elle seule d'exercer le contrôle de ces zones et à déployer la violence, quand hélas il faut le faire.

Quant à l'émigration, nous savons tous ce qu'est la pure vérité : la situation n'est pas tenable. Cela fait mal de le dire. Nous préférerions qu'il en aille autrement, mais on ne peut s'en sortir qu'en permettant aux gens de rester aux Comores ou en Afrique et d'y vivre une vie digne.

Seulement, lorsqu'ils ont fait le voyage… C'est une situation terrifiante qu'un voyage dans un endroit pareil. Il faut se rendre compte qu'il y a des hauts-fonds sur les deux bords. Et si, précisément, la France est là, c'est parce qu'on a pensé à un moment que ce serait l'avant-poste sur la voie que nous voulions ouvrir, dans les années 1840, vers Madagascar.

Une fois que les gens sont là, on ne peut pas dire aux Mahorais : « Débrouillez-vous ! » Ce n'est pas possible. Ils ne peuvent pas se débrouiller. Il faut donc mettre en place les capacités d'accueil qui permettent aux personnes d'aller ailleurs.

Ne tournez pas autour du pot. Il n'y a pas d'autre solution. On ne peut pas dire aux Mahorais que désormais, tous ceux qui arrivent à passer et qui ont survécu – parmi lesquels ils trouveront souvent des parents proches ou éloignés – , nous les renvoyons. Je ne dirai pas « Nous les jetons à la mer », car je pense que personne, dans cet hémicycle, n'aurait une telle idée.

Mais quand même ! Il s'est perdu autant de monde en mer, ces dix dernières années, qu'il y avait d'habitants à Mayotte en 1958. À l'époque, il y avait 23 000 Mahorais. On en compte aujourd'hui 250 000, et l'on parle de 7 000 à 20 000 personnes qui se seraient noyées.

Pour qu'on se comprenne bien, puisque nous parlons de chiffres et de population, et afin qu'on mesure l'ampleur du défi, que Mayotte ne peut relever seule, je rappelle qu'il y a aujourd'hui 250 000 Mahorais, contre 23 000 en 1958, et qu'on prévoit qu'il y a en aura 500 000 en 2100.

Alors que va-t-on faire ? Attendre ? Regarder ce qui est en train de se passer et qui se terminera nécessairement dans un chaos indescriptible si nous ne prenons pas des mesures fermes, résolues, qui ne sauraient relever du pointillisme, comme les mesures que vous proposez ?

Vous dites qu'on a fait une erreur et qu'il faut rectifier un texte. Ce ne serait pas la première fois que cela arriverait dans notre pays. Là n'est pas le sujet. Le problème est de savoir ce qu'on fait de Mayotte.

Il y a un an, l'île a connu une situation sociale terrifiante. Ne croyez pas que ce soit fini ni que les gens aient oublié. Seulement, ils sont raisonnables. Ils se disent qu'au bout d'un certain temps, il faut passer à autre chose, mais tous ont la même boule au ventre quand ils regardent leur situation réelle.

Les Mahorais ne sont pas gens hostiles aux étrangers.

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