Intervention de Paul Molac

Séance en hémicycle du mercredi 16 janvier 2019 à 15h00
Préparation au retrait du royaume-uni de l'union européenne — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Molac :

La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne est pour moi un véritable crève-coeur. Les liens qui nous unissent au Royaume-Uni, nous autres de l'Ouest de la France, en particulier les Bretons, sont très forts. Ils sont culturels, musicaux notamment – je songe au festival interceltique de Lorient. Ils sont tels que l'on dit parfois des Gallois, en manière de boutade, que ce sont des Bretons qui ne savent pas nager, parce qu'ils n'ont pas franchi la Manche entre le Ve et le VIIIe siècle pour venir s'installer dans ce qui s'appelait alors l'Armorique et qui est devenu la Bretagne. Nous, Bretons, sommes si proches des Gallois que nous avons exactement le même hymne, que nous chantons ensemble quand nous nous retrouvons.

Après le rejet massif hier par le Parlement britannique de l'accord négocié, nous devons constater que les prophéties les plus pessimistes sont en train de se réaliser : nous nous dirigeons finalement vers un hard Brexit. Il ne s'agit pas d'une forfaiture – le Royaume-Uni est libre d'agir comme il le fait et nous serions mal inspirés de lui dire ce qu'il a à faire – , mais nous voilà face à une situation intenable, et nous ne sommes évidemment pas les seuls. Cette mauvaise nouvelle crée beaucoup d'incertitudes.

Je pense en particulier à un pays ami – de la France, de la Bretagne, de l'Europe – , l'Irlande, qui attend avec impatience de savoir à quelle sauce il va être mangé. Comme président du groupe d'amitié France-Irlande de l'Assemblée nationale, j'ai pu me rendre à la frontière, à Dundalk ; nous y avons rencontré à la fois des Irlandais du Nord et des Irlandais de la République d'Irlande, qui nous ont dit qu'il ne fallait surtout pas de frontière, de peur que l'accord du Good Friday ne subisse des transformations et que la guerre civile achevée en 1999 ne puisse renaître.

L'Irlande se pose aussi, évidemment, la question du fret puisque 80 % de ses exportations passaient jusqu'à présent par le Royaume-Uni. Il nous faut nous coordonner pour que le fret irlandais puisse éventuellement continuer d'y transiter – mais cela suppose un accord – ou qu'il soit directement accueilli dans les ports européens. Le gouvernement français est donc intervenu auprès de la Commission européenne à propos des ports français de la Manche, voire de ceux de l'Atlantique – car le port de Nantes est aussi sur la route, ce grand port breton s'il en est, historiquement consacré, avec Saint-Nazaire, aux départs vers le Sud et, autrefois, vers la Guadeloupe et la Martinique.

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