Intervention de Sébastien Jumel

Séance en hémicycle du mercredi 16 janvier 2019 à 15h00
Questions au gouvernement — Grand débat national

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

les vingt premières questions suggérées, des premiers rangs qui applaudissent en cadence les réponses présidentielles, une ambiance « salon des maires » qui occupe les chaînes en continu, un président La Palice qui va répétant : « J'aime la proximité. Demain, il fera beau, s'il ne pleut pas, peut-être » et, soyons justes, quelques vraies questions sur la situation d'abandon des communes. Personne n'est dupe du « plan com' » que constitue ce lancement du grand débat sur le mode « école de management » : on promet de tout se dire, sauf que l'arbitre porte la couleur de l'équipe gouvernementale et que celle-ci joue à domicile.

Mais le vrai sujet, c'est qu'il fallait hier laisser son maillot jaune au vestiaire, ranger dans les coffres les gilets de la colère sous peine d'encourir une amende de 135 euros – le prix d'un gilet doré. Le vrai sujet de ce débat, c'est qu'il n'y avait pas de micro pour la France qui veut vivre de son travail, qui réclame des augmentations de salaire, qui veut pouvoir vivre de sa pension de retraite sans être considérée comme une génération dorée, qui attend qu'on prenne soin de ses hôpitaux, de ses tribunaux, et qui en a marre d'une démocratie où le Président décide de tout et de rien. Sur ce sujet-là, on ne « déconne » pas, et ça s'enkyste dans la rue.

Vous n'y répondrez pas en tentant de transformer les maires en boucliers de votre politique. Les maires sont là pour protéger la population, pas le Président. Vous n'y répondrez pas s'il n'y a pas de question taboue, mais des réponses qui le sont sur le pouvoir d'achat ou sur le « pognon de dingue » à prendre là où il est. Vous n'y répondrez pas en proclamant « c'est nous ou le chaos ».

Nous vous mettons en garde contre la tentation de faire de ce débat un tremplin pour accélérer votre mauvaise politique libérale, pour taper plus fort en laissant de côté les causes du chaos : l'injustice fiscale, l'injustice sociale, l'injustice territoriale.

Monsieur le Premier ministre, on ne prend pas un rond-point à l'envers, même à 80 kilomètres heure. Voulez-vous vraiment apaiser la République ? Si tel est le cas, quelles sont vos réponses concrètes ?

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