Intervention de Alain David

Séance en hémicycle du mercredi 14 novembre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain David :

... et celle de vos prédécesseurs, dont la constance et l'approche multilatérale respectueuse mais volontariste ont notamment permis la réussite de la COP21 à Paris. Notre soft power et l'action extérieure de la France se trouvent donc reconnus et légitimés.

Cependant, cette position éminente dans le concert des nations nous oblige, et il nous appartient de déterminer les moyens mis à la disposition de notre diplomatie afin de conserver cette excellence. Or je constate que les trois programmes récurrents de la mission – les programmes 105, « Action de la France en Europe et dans le monde », 185, « Diplomatie culturelle et d'influence », et 151, « Français à l'étranger et affaires consulaires » – connaissent une baisse budgétaire, tandis que le programme nouveau 347, « Préparation de la présidence française du G7 », témoigne de la volonté – louable – de réussir ce rendez-vous international.

Au-delà de ces grandes masses budgétaires, M. le rapporteur spécial salue, à juste titre, les performances du ministère des affaires étrangères : celui-ci a su contribuer au rayonnement international de la France et servir un nombre croissant de Français installés ou de passage à l'étranger, malgré une baisse constante de ses effectifs au cours des dix dernières années – une tendance dont je me demande d'ailleurs si elle pourrait se poursuivre dans le cadre du programme Action publique 2022, compte tenu de l'extension des missions du ministère et de la qualité de service attendue de l'une des premières diplomaties au monde.

Je terminerai mon intervention en appelant spécifiquement l'attention sur l'audiovisuel extérieur, à propos duquel j'ai produit un rapport pour avis au nom de la commission des affaires étrangères.

Il convient d'évoquer à ce sujet les problèmes de financement de France Médias Monde, de TV5 Monde et de ARTE Europe, qui font l'objet de deux programmes distincts et à propos desquels le groupe Socialiste et apparentés a déposé des amendements ; mais je dirai quelques mots aussi de la coopération audiovisuelle relevant du programme 185. Il y a une contradiction profonde entre les ambitions que l'on fixe à ces chaînes et les moyens qu'on leur attribue. Demander 3 millions d'économies supplémentaires à France Médias Monde d'ici à la fin de la législature suppose de se retirer de certaines zones du monde, ou de renoncer à certaines missions. Il nous manque une approche stratégique de notre audiovisuel extérieur, qui a été le grand oublié de la réflexion sur l'audiovisuel public ; il n'existe aucune vision politique claire de ce que nous voulons faire de cet outil essentiel à notre rayonnement.

Nous sommes d'ailleurs les seuls à nous en priver : les Américains aussi bien que les Russes ou les Chinois mettent en oeuvre des stratégies très offensives, de même que nos amis de la BBC ou de la Deutsche Welle. J'ai eu la chance de me rendre récemment au Royaume-Uni et j'y ai mesuré combien la coopération audiovisuelle couvre des champs transversaux clés de notre politique d'influence : gouvernance, relations médias et image de la France, société civile, exportation de nos programmes et chaînes, francophonie, coopération dans le cinéma, mais aussi dans d'autres industries culturelles. Elle est particulièrement dynamique en Afrique, où la concurrence d'influences est très forte. Elle se traduit par une large palette d'actions, au plus près du terrain, qu'il faut continuer de défendre.

Le budget dont nous discutons, à nouveau en baisse cette année, va finir par ne plus permettre à la France de conserver sa capacité d'influence. Assurément, des progrès sont toujours possibles. Le groupe Socialistes et apparentés a donc déposé quelques amendements afin d'obtenir des améliorations.

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