Intervention de Fabrice Brun

Séance en hémicycle du mardi 3 octobre 2017 à 21h30
Fin de la recherche et de l'exploitation des hydrocarbures — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabrice Brun :

Ces Français des zones périphériques, eux, n'ont bien souvent que la voiture comme moyen de déplacement. Pendant trente ans, les pouvoirs publics les ont incités à acheter des véhicules diesels. Aujourd'hui, vous les frappez au porte-monnaie sous la forme d'une double peine : ils sont assignés à résidence parce qu'ils ne bénéficient ni des mêmes services de transports publics qu'en ville ni d'infrastructures de transports au gabarit contemporain. L'état de la route nationale 102 en Ardèche est là pour en témoigner.

Monsieur le ministre d'État, pour atteindre sa cible, la transition énergétique doit être au service de la croissance, et non de la décroissance. On ne peut pas être contre tout. Oui, les énergies renouvelables sont notre avenir. Oui, les bonds technologiques seront déterminants dans les prochaines décennies. Il faut cependant être conscient qu'en l'état actuel des connaissances, pour atteindre nos objectifs climatiques, le potentiel de l'électricité nucléaire, énergie sociale par excellence, doit être préservé, et ce, sans aucune concession sur le niveau de sécurité des installations. La décision récente de l'Autorité de sûreté nucléaire d'imposer à EDF l'arrêt provisoire des quatre réacteurs de la centrale du Tricastin afin de consolider les digues au titre de la prévention des risques d'inondation est, de ce point de vue, exemplaire.

Conforter cette filière d'excellence industrielle en France est commandé, tout d'abord, par des raisons immédiates de maîtrise des coûts, car préserver le pouvoir d'achat des consommateurs et la compétitivité des prix de l'énergie pour les entreprises est une priorité partagée. Ensuite, les énergies renouvelables sont encore intermittentes, et les solutions de stockage sont encore limitées. Enfin, ces énergies ne peuvent aujourd'hui répondre aux pics de consommation ou à des demandes de forte puissance.

Parallèlement, une partie de la solution réside aussi dans le gisement que représentent les économies d'énergie. À ce titre, la rénovation thermique des bâtiments est une priorité pour le pouvoir d'achat, pour soutenir l'investissement et l'emploi au coeur de nos territoires, car, comme vous le savez, nos artisans ont du talent.

À titre personnel, ardent combattant contre le gaz de schiste, je voterai sans état d'âme, monsieur le ministre d'État, votre projet de loi mettant fin à la recherche et à l'exploitation d'hydrocarbures en France. Et comme j'ai pu le faire en commission, je proposerai à nouveau des amendements visant à perfectionner le texte et à sécuriser le dispositif.

Dans le prolongement de la loi Jacob promulguée le 13 juillet 2011 – le seul texte qui nous ait protégés jusqu'à présent – , nous avons la possibilité d'inscrire dans le droit français l'interdiction définitive de la recherche, de l'exploration et de l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels tels que les gaz et huiles de schiste.

À partir du moment où la recherche d'hydrocarbures, quelle que soit la technique utilisée, est interdite et où aucun permis d'exploration d'hydrocarbures non conventionnels n'est valide à ce jour, ce que vous nous avez confirmé officiellement en commission, monsieur le ministre d'État, aucune exploitation de gaz de schiste ne sera possible en France, protégeant ainsi l'avenir des populations et de territoires d'exception comme l'Ardèche, la Drôme, le Gard, le Vaucluse, la Haute-Savoie, l'Aude, le Lot, et tant d'autres beaux départements de France.

Pour terminer, monsieur le ministre d'État, l'Ardèche a été concernée par trois permis différents d'exploration de gaz de schiste aujourd'hui abrogés. Je veux rendre hommage à tous ceux qui se sont battus contre cette hérésie : les collectifs, les élus de toutes les sensibilités, les acteurs économiques et associatifs, ces hommes et ces femmes attachés à leur terre, cette magnifique terre agricole, viticole, touristique, cette terre des origines où se trouvent la caverne du Pont d'Arc et les gorges de l'Ardèche, classées au patrimoine mondial de l'Unesco, qui continueront ainsi à rayonner dans le monde entier.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.