Intervention de Bruno le Maire

Séance en hémicycle du mercredi 3 octobre 2018 à 15h00
Croissance et transformation des entreprises — Article 44

Bruno le Maire, ministre de l'économie et des finances :

Quel est, enfin, l'intérêt financier de cette opération pour l'État ? Nous voulons passer, je le répète, d'une logique de dividendes à une logique d'investissement dans l'avenir. Il va de soi que le prix de cession sera supérieur à la somme des futurs dividendes actualisés. Nous ne ferions pas cette opération si elle n'était pas rentable pour l'État. Nous devons donc garantir que le produit de la cession sera supérieur à la somme de la valeur totale des dividendes actualisés.

Si nous faisons cette opération aujourd'hui, cela a été parfaitement rappelé par le rapporteur Roland Lescure, c'est parce que l'entreprise se porte bien. Je salue d'ailleurs la direction d'ADP qui, par son travail, a permis l'augmentation du cours de l'action et le succès du groupe. Il vaut mieux vendre lorsque le cours est haut et que l'entreprise se porte bien, plutôt que lorsque le cours est plus faible et que la situation est plus difficile – on ne fait alors que brader des actifs.

S'agissant des 800 millions d'euros de dividendes, je voudrais rappeler que l'opération n'est pas exacte, puisque ces 800 millions portent, non pas sur les 10 milliards d'euros de cessions d'actifs que nous envisageons, mais sur l'intégralité du chiffre d'affaires des trois entreprises, qui est compris entre 20 et 25 milliards d'euros. Cet argument n'est donc pas recevable, du strict point de vue technique.

Éric Woerth m'a demandé si cette opération avait été approuvée. Elle l'a été, à la fois par le Conseil d'État, sur sa dimension légale, et par la Commission européenne, sur les questions de concurrence.

Tels sont les éléments généraux que je voulais vous donner sur cette opération. Pardonnez-moi d'être rentré dans le détail, mais je pense qu'il était essentiel d'éclairer la représentation nationale sur le choix stratégique que nous faisons. Il témoigne de l'idée que nous nous faisons de l'État actionnaire et de la place de l'État dans l'économie.

Quand il faut renforcer la place de l'État dans l'économie pour protéger les intérêts de Français, je n'hésite pas à le faire. Je suis le ministre de l'économie qui aura engagé la privatisation d'Aéroports de Paris mais qui aura aussi nationalisé STX. Quand il fallait protéger STX, je n'ai pas hésité, sous l'autorité du Président de la République, à engager cette nationalisation. Quand, en revanche, nous considérons qu'il n'est pas stratégique que l'État soit présent, nous n'hésitons pas à céder des actifs. Nous voulons être un territoire ouvert aux investissements étrangers. Nous étudierons, dans quelques heures, la possibilité d'un renforcement sans précédent des dispositions relatives aux investissements étrangers en France. Plus nous sommes ouverts aux investisseurs étrangers, plus nous devons protéger les technologies françaises contre des investissements malveillants qui pourraient piller nos technologies et nos savoir-faire.

Soyez fiers de cette décision que nous prendrons dans les prochaines heures, après un débat qui, je l'espère, éclairera la représentation nationale et les Français. Grâce à cette opération, nous protégeons les intérêts des Français, nous engageons une régulation sans précédent de l'actif d'Aéroports de Paris et nous dégageons les moyens nécessaires pour investir dans les nouvelles technologies et dans l'avenir de nos enfants.

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