Intervention de Marie-France Lorho

Séance en hémicycle du lundi 25 septembre 2017 à 16h00
Sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-France Lorho :

Or, de cela, votre texte ne dit rien : quelques broutilles sur Schengen, quelques aménagements dans les contrôles, mais rien sur la surveillance des migrants, rien sur la fermeture des mosquées salafistes, rien sur les prêches anti-chrétiens, anti-français, et anti-juifs dans certaines caves, et rien non plus sur la lutte islamiste contre les traditions françaises. C'est cette branche pourrie que la loi devrait trancher, avant qu'à force d'envenimer la société, elle ne conduise à la guerre civile.

C'est la faiblesse fondamentale de votre texte : il n'accepte pas de désigner l'ennemi, et donc de tout mettre en oeuvre pour l'abattre. De fausses pudeurs continuent à vous habiter : radicalisation, loups solitaires, et cetera. Monsieur le ministre, selon la formule, les équivoques ne mènent qu'à des paradoxes. Paradoxales sont les procédures de surveillance, qui devraient être rapportées au seul terrorisme et largement durcies. Nos citoyens hurleraient si on leur présentait sous cette forme les numéros d'équilibristes que vous proposez, entre le juge et le terroriste suspecté, en matière d'accords ou de notifications. On a parfois l'impression que les réformes du code de la sécurité intérieure et du code de procédure pénale sont rédigées pour faciliter la recherche d'erreurs de procédure et autres vices par les avocats pénalistes.

Tout aussi paradoxale est cette absurde mesure imposée au sujet des périmètres de surveillance. Imaginons un membre des mouvances islamistes qui pourrait se promener dans tout Paris, ou alors un partisan de l'organisation État islamique libre de circuler d'Avignon à Carpentras pour continuer à entretenir ses réseaux. De deux choses l'une : soit le principe qui prévaut est la confiance dans l'examen du dossier par le juge, soit l'on en revient aux obligations et à l'automatisme. Mais alors, pourquoi le faire dans le sens exclusif de l'intérêt des surveillés et des prévenus ? Bien des amendements ont été déposés en ce sens par mes collègues non inscrits, que cela soit par Mme Ménard ou par le Front national. J'espère que le débat sera constructif, car le travail des non inscrits reflète la grande inquiétude des Français.

Venons-en à l'article 4 bis, par lequel vous cherchez à donner un cadre aux très contestées associations de déradicalisation. La plupart des spécialistes s'émeuvent de ce mode de traitement, et il est d'ailleurs délirant de constater que l'État aura mis autant de temps à cadrer ses relations avec de telles structures. L'islamisme politique n'est pas une émotion adolescente ou une soudaine exacerbation ; c'est une idéologie de combat soutenue par des États et des argentiers. Elle est en opposition flagrante avec notre civilisation. Elle n'a pas peur de nos dispositions absurdes, comme la non-introduction dans le texte des policiers municipaux et des services de sécurité privée, la réduction des budgets militaires en pleine crise internationale, ou le laxisme sur la réouverture des mosquées salafistes. C'est le piège des constructions juridiques actuelles, qui s'égarent dans des artifices nommés droits sans devoir, hystérisation du débat public sur l'islamisme, abandon des identités qui sont le moteur spirituel de défense de notre pays.

Monsieur le ministre, nous ne faisons pas une religion de l'état d'urgence ; l'excellent Jean-Frédéric Poisson en avait bien noté les limites lors de la précédente législature. Nous refusons simplement le retour au laxisme, aux non-dits, à la soumission politique, aux idéologues de la haine de soi. Comme M. Wauquiez, je suis favorable à l'internement des fichés S les plus dangereux, de manière préventive. Comme Mme Le Pen, je pense que cette loi ne s'attaque pas à l'origine du mal. Comme Jacques Bompard le proposait sous la précédente législature, il convient d'amplifier largement les dispositifs de déchéance de la nationalité.

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