Intervention de Robin Reda

Séance en hémicycle du mercredi 4 juillet 2018 à 15h00
Lutte contre les rodéos motorisés — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRobin Reda :

… il faudra des moyens pour l'appliquer. Vous avez effleuré cette question, madame la ministre. Il est très important d'affirmer très clairement que les forces de l'ordre, policiers et gendarmes, ne se contenteront pas d'une évolution législative et d'un arsenal juridique qui leur donnent plus de liberté pour intervenir.

Des faits tragiques survenus hier à Nantes nous l'ont rappelé : il y a des moments où les comportements des uns et des autres, en particulier dans les quartiers, inquiètent les forces de l'ordre qui doivent intervenir, au risque de commettre un acte irréparable. C'est particulièrement le cas lors des rodéos motorisés en milieu urbain. En effet, qu'ils soient commis en réunion ou par des personnes isolées, certains comportements sont particulièrement dangereux non seulement pour leurs auteurs mais aussi pour les forces de l'ordre, ce qui rend les interventions très complexes.

Il faut clarifier l'ensemble des directives, des consignes données aux policiers. Quand, à l'initiative de la présidente de la commission des lois, certains d'entre nous se sont rendus dans des commissariats de leur circonscription, ils ont beaucoup entendu parler de la difficulté de confisquer les véhicules – nous allons la résoudre – , mais aussi de prendre en filature les auteurs de rodéos urbains, qui, lorsqu'ils utilisent des engins très puissants, peuvent rapidement échapper à la police.

La répression exige évidemment des moyens techniques et technologiques importants, ainsi que des formations, une professionnalisation de l'intervention, pour que les policiers et les gendarmes puissent intervenir en courant le moins de risques et en obtenant le plus de résultats possible.

Nous devons aussi nous assurer rapidement que des dispositifs de prévention cohérents seront mis en place sur le territoire. Une collaboration entre la police nationale, la gendarmerie, les polices municipales et les responsables de l'enseignement sur le territoire – l'éducation nationale – permettra de prévenir la commission de tels actes en donnant la mesure de leur dangerosité. De fait, les jeunes en quête de poussées d'adrénaline et de sensations fortes ne mesurent pas toujours les troubles, les nuisances qu'ils créent sur le territoire. Ces facteurs sont peut-être les plus simples à prendre en compte.

S'il faut une mobilisation générale sur le territoire et une prise en conscience, n'ayons pas la naïveté de croire que les rodéos urbains ne sont pas l'expression ou le symptôme d'un malaise plus profond, notamment dans les territoires relégués de la République. Dans les banlieues, dans les territoires périurbains, les rodéos témoignent d'une économie parallèle. Les véhicules, en effet, ne viennent pas de nulle part.

Parfois, ceux qui participent à des rodéos urbains sont exploités par les tenants d'une économie locale qui s'en servent pour nuire, pour éviter que les habitants d'un quartier ne se trouvent à tel moment dans l'espace public, et pour surveiller et prévenir l'arrivée de la police. Ne perdons pas de vue qu'en luttant contre les rodéos motorisés, nous luttons plus largement contre certaines pratiques. Nous participons à la prévention et à la répression de ce qui crée des nuisances, des troubles et la difficulté de vivre dans certains quartiers de France en 2018.

Pour ces raisons, vous l'avez compris, le groupe Les Républicains votera cette proposition de loi co-construite, qui s'inspire largement d'un ensemble de travaux menés sur tous les bancs de l'hémicycle et partout en France par nos élus locaux. Nous exercerons naturellement notre vigilance sur les moyens, sur l'application du texte, sur ce qui fait le fondement de notre pacte républicain, c'est-à-dire le respect de l'autorité régalienne de l'État partout, tout le temps, sur le territoire national.

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