Intervention de Pascale Mathieu

Réunion du jeudi 17 mai 2018 à 8h30
Commission d'enquête sur l'égal accès aux soins des français sur l'ensemble du territoire et sur l'efficacité des politiques publiques mises en œuvre pour lutter contre la désertification médicale en milieux rural et urbain

Pascale Mathieu, présidente de l'Ordre national des masseurs-kinésithérapeutes :

Les maisons de santé sont une piste intéressante, qui ne répond toutefois pas à tous les besoins. Les kinésithérapeutes ont des plateaux techniques assez importants, ils ont besoin d'espace. Leurs loyers peuvent être assez importants. Or les projets actuels de maisons de santé ne se montent pas forcément dans des endroits où il n'y a pas de kinésithérapeutes. Cela pose un vrai problème.

L'Ordre a souvent été sollicité par des kinésithérapeutes, localement implantés de longue date, qui étaient particulièrement émus de voir des maisons de santé s'implanter près de chez eux. On leur proposait de s'y installer, mais ils étaient déjà propriétaires de leur cabinet ; ils n'avaient donc pas de loyer à payer – je vous rappelle que les revenus ne sont pas très élevés. De ce fait, quand vous êtes propriétaire d'un cabinet qui est mis aux normes, pour l'accessibilité par exemple, que vous ne pouvez pas le retransformer en un bien différent puisque les grandes salles ne sont pas transformables en bien locatif, et que l'on vous propose d'aller dans une maison de santé, il est compréhensible que vous refusiez, parce que ça n'est pas du tout intéressant pour vous. De ce fait, il arrive que l'on fasse venir des professionnels d'ailleurs, ce qui déséquilibre l'offre de soins sur le territoire.

Je soulèverai un autre problème. Que voit-on dans les maisons de santé ? Nous donnons caution à des professionnels qui utilisent les pseudosciences. Des maisons de santé vides voient s'installer des réflexologues, des hypnothérapeutes ou je ne sais quoi, des gens qui ne sont pas des professionnels de santé. Parfois, c'est véritablement le salon de la voyance ! Un médecin, par sa présence, à son corps défendant d'ailleurs, cautionne des professionnels qui n'ont strictement rien à voir avec la science. Nous voyons fleurir sur les réseaux sociaux des photos particulièrement préoccupantes, car elles donnent crédit à des gens qui ne sont pas des professionnels de santé et qui proposent des choses parfois dangereuses.

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