Intervention de Dominique Lanoë

Réunion du jeudi 19 avril 2018 à 13h00
Commission d'enquête sur les maladies et pathologies professionnelles dans l'industrie risques chimiques, psychosociaux ou physiques et les moyens à déployer pour leur élimination

Dominique Lanoë, directeur associé du cabinet Apex-Isast :

Concernant l'identification des postes à risque, je ne suis pas sûr de pouvoir répondre à votre question, tout comme mes collègues. Nous sommes des acteurs de terrain, loin des logiques institutionnelles. L'acteur essentiel sur ce point est souvent le médecin du travail.

La question de la traçabilité est très complexe, car elle concerne des problématiques de lieu et de temps. Je souscris aux propos de mon collègue, il ne faut pas courir après la chimère du tout quantifiable. De plus, nous sommes souvent sollicités pour expertiser des problèmes du passé ; entre-temps les situations ont changé. Comment savoir, dans une entreprise, ce à quoi un salarié était exposé ? Comment définir les produits chimiques, procédés de travail, modes d'organisation qui étaient alors en vigueur ou utilisés ? Le travail est considérable, mais nous le faisons, et nous allons interroger les retraités ; ils nous disent que les ateliers ont changé dix fois de production. Le salarié lui-même se souvient difficilement des éléments importants, d'autant que, cinq ans auparavant, il n'avait pas conscience de leur importance. Je ne sais si nous trouverons une solution adéquate, mais la question mérite d'être posée. Les médecins du travail eux-mêmes doivent s'approprier les dossiers, les comprendre, surtout quand ils sont nouveaux et ne suivent les salariés que depuis un ou deux ans.

Je reviens sur un point épineux, rapidement évoqué : la contradiction entre ce que nous vivons collectivement et la reconnaissance individuelle de la pathologie. Il ne peut en être autrement : telle personne est indemnisée et pas telle autre, malgré une exposition égale. Quand je fais mes courses dans un supermarché et vois à quelle organisation sont soumises certaines caissières, je me dis : « 30 % de TMS dans cinq ans. » Et j'espère qu'elles ne resteront pas cinq ans ! Le diagnostic peut être très vite posé. Le monde évolue considérablement. Je n'ai donc pas de meilleure réponse à donner à votre question. Les dispositifs doivent être remis à plat, et nous, acteurs de terrain, sommes prêts à contribuer à cette tâche.

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