Intervention de Nadine Rauch

Réunion du jeudi 12 avril 2018 à 13h00
Commission d'enquête sur les maladies et pathologies professionnelles dans l'industrie risques chimiques, psychosociaux ou physiques et les moyens à déployer pour leur élimination

Nadine Rauch, présidente du GIT :

Je laisserai le docteur Ménétrier s'exprimer sur les risques chimiques. Je peux en revanche vous répondre sur les risques psychosociaux puisque j'ai suivi une formation en la matière et que je suis devenue formatrice, notamment dans le tertiaire, au sein de l'entreprise où je travaille. Le contexte est assez complexe : vous avez tous entendu parler de bien-être au travail et de qualité de vie au travail, ce qui n'est pas la même chose. Pour cacher les risques psychosociaux, les entreprises développent la notion de « bien-être », qui veut tout et rien dire. On ouvre des conciergeries, on organise des séances de massage, de sophrologie etc. mais cela ne permet pas de résoudre le problème de fond, à savoir la diminution des ressources humaines remplacées par la technologie. On sait très bien qu'il faut faire des économies. Dans de nombreuses entreprises, surtout celles du secteur tertiaire, toutes les fonctions annexes – ressources humaines, services généraux, haute technologie, etc. – sont soit délocalisées, soit externalisées. Vous vous retrouvez donc avec des salariés devenus, au fil des années, multitâches. Ils se trouvent à faire tout à fait autre chose que le métier pour lequel ils ont été embauchés. On sait très bien que le monde évolue, ce n'est pas la question, mais ce qui pose problème est que les choses se font sans concertation. J'ai souvent fait remarquer à mon employeur que les salariés étaient prêts à changer mais à condition qu'on instaure une concertation, qu'on les accompagne – ce qui n'est pas assez souvent le cas.

Les changements sont souvent la conséquence de stratégies décidées dans d'autres pays – nos entreprises sont souvent internationales – comme les États-Unis ou le Royaume-Uni. Ces stratégies sont imposées et, malheureusement, les salariés étant mis du jour au lendemain devant le fait accompli, on change leur façon de travailler. Nous essayons donc de convaincre les services de santé, le médecin du travail, s'il doit y avoir des réorganisations, de demander à l'employeur de les préparer en amont avec les salariés, de les leur expliquer et non, je le répète, de les leur imposer. C'est tout à fait possible mais, hélas, nous sommes souvent pris de court et les choses se font trop vite. Il faut donc absolument faire comprendre aux entreprises que les salariés accepteraient peut-être mieux le changement s'ils étaient mieux accompagnés, donc si l'on faisait de la prévention.

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