Intervention de Olivier Mériaux

Réunion du mercredi 21 mars 2018 à 14h00
Commission d'enquête sur les maladies et pathologies professionnelles dans l'industrie risques chimiques, psychosociaux ou physiques et les moyens à déployer pour leur élimination

Olivier Mériaux, directeur général adjoint et directeur technique et scientifique de l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (ANACT) :

Le levier le moins exploité est celui de la formation des managers. C'est pourquoi, dans son premier contrat d'objectifs, l'ANACT avait développé un programme, intitulé « Faire école », qui s'est traduit par plus de 150 auditions d'écoles d'ingénieurs, de managers et d'entreprises. Ces auditions ont malheureusement confirmé ce que l'on sait : il y a une excellence française dans les écoles d'ingénieurs et de managers mais on y apprend à tout gérer, sauf l'humain au travail. D'ailleurs, la part de ces enseignements dans ces écoles décline de façon continue. Toutes les enquêtes européennes sur la qualité managériale, qui analysent la capacité des systèmes de management à promouvoir et à soutenir un environnement de travail permettant au salarié de travailler dans de bonnes conditions, placent schématiquement la France entre la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo. Je le dis sur le ton de la boutade, mais cela reflète une culture managériale dont on ne peut pas dire qu'elle soit excessivement fondée sur la confiance a priori ni sur l'exercice de l'autonomie. La prévention « plus que primaire » passe donc par l'intégration de ces préoccupations dans la conception même des systèmes d'organisation du travail. Il faut s'intéresser au travail tel qu'il va être effectué et à la conception de cadres et de systèmes managériaux qui soutiennent cette dynamique. On n'est pas très bon dans ce domaine en France. C'est pourquoi l'accent est mis, tant dans notre contrat d'objectifs que dans le plan Santé au travail, non seulement sur la sensibilisation des managers aux problématiques de santé et de sécurité au travail mais aussi, au-delà, sur la manière d'orienter les pratiques managériales vers l'exercice de l'autonomie et la prise d'initiative – toutes choses qui, par ailleurs, entrent en résonance avec les aspirations des plus jeunes générations sur le marché du travail. Si les entreprises ne répondent pas à ces aspirations, elles ne seront plus attractives.

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