Intervention de Marc Le Fur

Séance en hémicycle du mercredi 23 mai 2018 à 15h00
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Le Fur :

Bien entendu, je voterai ces amendements.

Monsieur le ministre, je le dis avec une certaine solennité : il ne faut pas raconter des blagues aux gens et donner des illusions à nos agriculteurs. Ce ne sont pas les observatoires, publics ou non, qui font les prix.

Examinons certaines denrées qui comptent pour nos agriculteurs. Pour un céréalier qui vend du grain, ce qui compte, ce ne sont pas les indicateurs de prix : ce sont la récolte sur les rives de la Mer noire et les difficultés ou le succès de la moisson aux États-Unis – car c'est bien cela qui détermine la fixation du prix, lequel est mondial. Il ne faut pas s'imaginer que nous allons élaborer nos petits prix entre nous. Du reste, chacun sait cela – à commencer par les céréaliers.

Prenons un autre exemple : celui des oeufs, dont les prix ont connu une flambée il y a quelques mois, qui s'achève actuellement. Ce qui l'explique, ce ne sont pas les accords commerciaux ; ce sont les difficultés sanitaires des producteurs d'oeufs d'Europe du nord. Voilà ce qui a permis à nos agriculteurs de vendre à des prix momentanément très élevés. Cessons donc de leur raconter des blagues.

Encore un exemple. Je suis les cours du porc depuis de nombreuses années. Comment expliquer les variations ? Non par des indicateurs, mais par la variable d'ajustement qu'est l'exportation. Les cours du porc étaient corrects avant qu'on ne nous ferme, pour des raisons géopolitiques, le marché russe. Dès que celui-ci s'est effondré, les cours du porc ont fait de même, avant de remonter un peu car les perspectives étaient bonnes s'agissant de la Chine.

Quant au lait, peut-être son prix remontera-t-il demain car les Chinois se mettent à la croissanterie française et européenne, pour laquelle il leur faut du beurre ?

Bref, cessons de raconter des blagues aux gens ; cessons, dans le projet de loi, de bercer nos agriculteurs d'illusions. Chacun sait bien que ce n'est pas la réalité.

C'est pourquoi les accords internationaux sont autrement plus importants que les indicateurs en matière de formation des prix. C'est pourquoi celui que vous vous apprêtez à signer avec le MERCOSUR, monsieur le ministre, est dramatique, car il laissera entrer sur le marché de nouveaux concurrents autrement moins chers que nous.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.