Intervention de Guillaume Garot

Séance en hémicycle du mardi 22 mai 2018 à 15h00
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Garot :

Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, serons-nous à la hauteur des espoirs, des attentes et des propositions des États généraux de l'alimentation ? Tel est l'enjeu de ce projet de loi, après la promesse du président Macron exprimées à Rungis de définir une « nouvelle France agricole ». Hélas, à ce stade du débat, nous sommes loin des ambitions initiales et, je le dis très placidement, la déception l'emporte.

Soyons justes, le texte consacre quelques tentatives. Il est inspiré par la volonté de prolonger la logique de contrats commerciaux plus équilibrés entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs, pour mieux partager la valeur ajoutée et donc mieux rémunérer les agriculteurs. C'était le chemin qu'avait ouvert la loi Sapin 2. Nous savons que cette orientation est bonne, même si rien ne sera possible sans une réorganisation profonde de nos filières. Le texte comporte aussi des dispositions utiles, qu'elles concernent la restauration collective, la lutte contre le gaspillage alimentaire ou le biocontrôle. C'est très bien, mais cela ne consacre ni une ambition claire ni une vision forte pour notre politique agricole et alimentaire.

D'abord, parce que la mécanique de la formation des prix, aussi nécessaire soit-elle, ne peut tenir lieu de politique pour le revenu des producteurs. Nous savons bien que sans régulation des marchés au plan européen, c'est peine perdue, comme nous l'avons vu depuis la disparition des quotas laitiers. Ce sera l'un des enjeux majeurs de la prochaine politique agricole commune. Alors attention aux désillusions : ce n'est pas le relèvement du seuil de revente à perte ou l'inversion de la construction du prix, même si cela est important, qui changeront la donne par magie.

Ensuite, parce que traiter séparément le revenu des producteurs et la qualité des produits, comme si les deux étaient indépendants l'un de l'autre, est une erreur. Disons d'abord ce que nous souhaitons dans notre assiette pour ensuite déterminer les produits, et donc l'agriculture, que nous voulons. Je suis convaincu que c'est en visant une amélioration continue de nos produits que nous améliorerons le revenu de nos producteurs. Plus de qualité dans l'assiette, c'est plus de revenu pour le producteur. Et cela vaut pour le marché national comme pour les marchés extérieurs : les produits français, dont il faut en permanence rappeler la qualité, sont une force pour l'export, mais ils doivent s'adapter en permanence aux demandes locales comme aux demandes à l'international.

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