Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du jeudi 17 mai 2018 à 15h00
Désignation aléatoire des comités de protection des personnes — Après l'article unique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

C'est possible, mais nous sommes dix-sept.

Cet amendement demande au Gouvernement la rédaction d'un rapport examinant l'opportunité sanitaire de la reprise par la puissance publique de la recherche biomédicale et de la production de médicaments.

Cela nous semble extrêmement important, puisque le secteur pharmaceutique, premier marché mondial, est entre les mains de plusieurs grands groupes privés, dont la puissance est telle qu'ils parviennent régulièrement à influencer la décision publique et à berner les organismes étatiques de contrôle. Les scandales sanitaires à répétition, du Vioxx au Levothyrox en passant par la Dépakine et le Mediator, ont mis en lumière ce que la quête de profitabilité peut faire à la santé publique.

Mais, ce qui requiert une action encore plus urgente, et j'attire votre attention sur ce point, chers collègues, c'est le défi immense de la résistance bactérienne aux antibiotiques. L'Organisation mondiale de la santé estime que cette résistance tue 700 000 personnes par an dans le monde. L'OMS demande aux États de relever ce défi, mais la découverte d'un antibiotique est exceptionnelle aujourd'hui et son développement demande plus d'une décennie.

Les États pourront-ils faire face à ces défis en continuant de confier la production et la recherche de médicaments à des entreprises qui veulent exploser les scores de rémunération des actionnaires, leur fâcheuse habitude étant de les rétribuer à hauteur de 15 à 20 % par an ? Le pourront-ils en comptant sur des gens auprès desquels des analystes financiers s'interrogent sur la soutenabilité économique de la guérison ?

Face à ce défi du XXIe siècle, la puissance publique est la mieux placée pour assurer la production de médicaments, en coopération avec les autres pays du monde et sur le fondement d'une stratégie planifiée, rationnelle, attentive au long terme et débarrassée du parasitage de la recherche de profits à court terme.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.