Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mercredi 16 mai 2018 à 21h30
Lutte contre les violences sexuelles et sexistes — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

De même, nous avons été stupéfaits que l'on nous refuse le renversement de la charge de la preuve à propos de relations avec des enfants de moins de 13 ans.

Nous n'avons pas compris ; et nous allons quitter cette discussion, dans laquelle notre groupe s'est tant investi – vous l'aurez noté – , sans avoir compris pourquoi nous nous sommes heurtés à un tel mur.

On vous l'a dit, on vous le répète : amender, ce n'est pas se déjuger. C'est tout simplement admettre la règle de la discussion. Assurément, dans certaines circonstances, sur certains types de textes, l'intérêt suprême de la démocratie veut que la contradiction ne s'interrompe pas et que le vote permette la représentation de tous les points de vue. Mais s'agissant de questions qui touchent à l'universel, de quelque chose qui a à voir avec l'intime de la condition humaine, il me semble facile et possible de s'accorder, de s'entendre, de trouver des sorties par le haut qui soient respectueuses des convictions de chacun – car il y en a qui entrent en ligne de compte ; mais, face à de telles violences, nous sommes unanimes, nous le savons ! Et quelle qu'ait été la brutalité des réponses qui nous ont été faites, nous restons persuadés à cette heure que vous ratez une occasion.

Bref, nous nous quittons avec le sentiment d'un immense gâchis. On aurait pu faire sortir de l'Assemblée nationale française une unanimité comparable à celle de l'Assemblée nationale espagnole, laquelle a adopté des dispositions beaucoup plus avancées et beaucoup plus globales.

Disons-le, en effet, car c'est notre second motif d'insatisfaction – même si je ne veux pas, à cet instant, rouvrir la discussion : nous rêvions d'une loi réellement globale, c'est-à-dire qui aborde sous tous ses aspects l'éradication de cette violence, et pas seulement sous celui de la répression. Cela n'a pas été le cas, à notre avis.

Voilà pourquoi, avec tristesse, nous ne voterons pas ce texte. Avec tristesse, parce que, jusqu'au dernier moment, nous nous sommes demandé de quel côté penchait la balance. Mais, contrairement à vous, nous ne voulons pas assumer le risque qu'un crime puisse être déqualifié.

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