Intervention de Élise Fajgeles

Séance en hémicycle du mercredi 16 mai 2018 à 15h00
Lutte contre les violences sexuelles et sexistes — Article 4

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlise Fajgeles :

Le 8 mars dernier, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, j'ai été invitée à une rencontre au collège Liberté de Drancy pour participer à un débat dont le thème avait été défini par les collégiens eux-mêmes : « À la suite de l'affaire Weinstein, de l'ensemble des témoignages des femmes victimes de harcèlement et d'agression sexuelle, que peuvent faire les femmes et les hommes politiques et que faut-il changer dans notre société ? ».

Cette question visait à m'interpeller, à nous interpeller, à interroger notre responsabilité politique, notre responsabilité de législateur, au-delà de la libération de la parole, intervenue notamment sur les réseaux sociaux. Les collégiens avaient eu connaissance du rapport sur la verbalisation du harcèlement de rue, rédigé par cinq députés de tous les bancs, dont moi-même. Des questions commençaient à se faire jour, sur les remarques obscènes, sur les comportements insistants, vécus comme une véritable violence, une humiliation, suscitant un sentiment d'infériorité, d'insécurité, et sur le sentiment, légitime, justifié, que ces comportements ne sont pas illégaux et qu'ils ne sont donc pas sanctionnés.

Que peuvent faire les femmes et les hommes politiques ? Ils peuvent affirmer aujourd'hui, au sein de cet hémicycle, que ces comportements sont interdits et qu'ils doivent être sanctionnés, que l'espace public doit être neutre et égalitaire, pour chacune et chacun, et que tous sont libres d'y circuler, sans s'autocensurer dans son comportement, sa manière de s'habiller, sans changer de trajet ni d'horaire. Verbaliser, c'est combattre ce sentiment d'insécurité.

Mais il s'agit aussi de reconnaître un statut aux femmes et aux jeunes filles qui subissent ces comportements, pour qu'elles n'aient plus honte, qu'elles ne se sentent plus coupables d'avoir porté une jupe, d'être sorties un peu trop tard, d'avoir le sentiment d'avoir provoqué ces agissements. C'est leur donner le courage de dire non, en étayant une plus grande certitude que ce non sera entendu. C'est rappeler qu'elles ont une dignité et qu'elles ne doivent pas accepter ce type de comportements.

En verbalisant, on démontre que la loi de la République est de leur côté et que nous ne laisserons plus rien passer.

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