Le porte-avions est en arrêt pour dix-huit mois. Devant une telle durée, on ne peut pas parler de doctrine, c'est simplement que l'on marche sur une jambe.
La France a su, par le passé, disposer de deux porte-avions. Je sais bien qu'il ne s'agit pas uniquement d'un deuxième porte-avions mais d'un groupe aéronaval complet. Le coût ne se limite pas aux 3 milliards ou 4 milliards du seul navire ; il faut prendre en compte l'ensemble complet, avec des enjeux financiers absolument considérables. Mais si on a l'ambition d'avoir un porte-avions à la mer, il faut qu'il y soit en permanence. Un porte-avions par intermittence, ce n'est pas une doctrine : c'est une situation budgétaire mal assumée. Voilà la réalité. On est très fiers du porte-avions, du groupe aéronaval, mais c'est tout de même un handicap terrible de n'en avoir qu'un.
Les études préparatoires sont certes excessivement chères, mais on sait que construire un deuxième porte-avions dans la foulée du premier revient à peu près à 30 % moins cher. Il y a toute une réflexion à mener en globalité sur un porte-avions. Bien des éléments sont à prendre compte, comme le mode propulsion ou la chaufferie – nos turbines sont-elles encore des turbines d'avenir ou bien faut-il les moderniser, en fabriquer de plus puissantes ? Quel avion poser sur ce porte-avions ? Il y a certes beaucoup de questions à se poser, mais si l'on y répond pour le premier, il faut aussi se poser la question de la permanence à la mer.