Intervention de Caroline Fiat

Séance en hémicycle du jeudi 8 mars 2018 à 15h00
Reconnaissance sociale des aidants — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCaroline Fiat :

Monsieur le président, madame la ministre, madame la présidente de la commission, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, les personnes âgées et leurs proches entretiennent parfois des relations très fortes, qui peuvent se traduire par une aide régulière. Ils ne s'imaginent pas toujours déléguer cela à des institutions publiques.

Les proches aidants occuperont donc toujours une place essentielle dans nos sociétés ; mais aujourd'hui, beaucoup trop souvent, leur situation est davantage subie que choisie et, si nous restons sur cette pente, elle empirera gravement. À l'horizon 2060, nous connaîtrons une croissance de 80 % du nombre de personnes âgées de plus de soixante ans. Or, aujourd'hui déjà, la prise en charge de nos aînés par les pouvoirs publics est catastrophique. J'ai déjà souligné à de nombreuses reprises le manque de moyens dans les EHPAD – établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes.

Actuellement, bien souvent, quand on ne culpabilise pas d'envoyer son père ou sa mère en EHPAD, on se mord les doigts d'avoir le sentiment de n'être pas assez présent pour lui ou pour elle. Les proches aidants ne peuvent en aucun cas se substituer à cette défaillance organisée, extrêmement grave, de notre système médico-social. L'amélioration de leurs conditions d'accompagnement doit se faire en parallèle d'un investissement à la hauteur des enjeux dans les structures publiques du médico-social. Les personnes âgées et leurs proches devraient pouvoir choisir entre la proche aidance et la résidence en EHPAD, sans avoir à calculer laquelle des deux situations sera la moins pire. Il faut accompagner à la fois les professionnels et les aidants informels.

Il existe un fléau dans notre société, un fléau global, sociétal, culturel ; un fléau auquel nous devons faire face. Comme l'a brillamment montré la philosophe américaine Joan Tronto, nous rendons invisibles les activités qui font appel à la sollicitude et l'attention à autrui, qu'il s'agisse du travail informel des aidants ou de celui des professionnels du secteur social ou médico-social. À l'inverse, nous valorisons l'autonomie, l'indépendance et l'individualisme. Il est temps que cesse cette hypocrisie de notre société qui détourne le regard et n'admet pas que, dans la vie, tout le monde a par moment besoin d'aide, et que c'est aussi ce qui en fait la beauté.

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