Intervention de Pierre-Henri Dumont

Séance en hémicycle du mardi 6 mars 2018 à 15h00
Interdiction de la pêche électrique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Henri Dumont :

Pour les autres pêcheurs, il ne reste ainsi que peu de soles disponibles : les ressources en soles de bonne taille baissent fortement et, par conséquent, les prix augmentent jusqu'à près de 28 euros le kilo au prix de gros en décembre dernier. Nos pêcheurs ne disposant pas des mêmes outils que leurs voisins, il est nécessaire de les défendre, non pas en tirant la qualité de leur travail vers le bas, mais en alignant la qualité du travail de nos voisins et néanmoins partenaires sur les hauts standards qui sont les nôtres.

L'interdiction de la pêche électrique est également une nécessité absolue car la qualité du poisson pêché électriquement demeure largement inférieure à la qualité du poisson pêché avec une technique traditionnelle. Si nous manquons de données fiables à 100 % sur les conséquences de cette pêche sur les plans nutritionnel et sanitaire, force est de constater que ce type de décharge électrique provoque de graves hématomes et des fractures de colonne vertébrale sur les poissons. De plus, il y a quelques semaines, comme cela a déjà été dit, 260 chefs cuisiniers ont signé un manifeste contre la pêche électrique, soulignant que les poissons sont de si mauvaise qualité qu'on ne peut rien en faire.

L'interdiction de la pêche électrique est enfin une nécessité absolue car ce type de pêche représente un danger grave pour nos fonds marins, leur écosystème, la préservation des ressources halieutiques et la biodiversité. Non sélective, la pêche électrique atteint l'ensemble des organismes vivant dans les fonds marins, avec des conséquences graves sur les ressources. Ainsi, 50 à 70 % des prises sont rejetées en mer avec la technique électrique, contre 6 % pour la technique classique, avec des taux de survie extrêmement faibles. Par conséquent, les stocks de poissons disponibles – pas seulement de soles – s'amenuisent, transformant la mer du Nord en désert, selon l'expression de certains acteurs, et faisant peser une réelle menace sur la poursuite de l'ensemble de l'activité halieutique.

Mes chers collègues, passé le constat, le temps des actes doit venir. Le premier d'entre eux a été posé le 16 janvier dernier avec le vote par le Parlement européen, à une écrasante majorité – 402 voix contre 232 – , d'une interdiction stricte de la pêche électrique.

Je salue ici le travail des parlementaires français de tous bords, de tous les groupes, qui ont réussi à faire valoir notre position face au lobbying intensif de certains autres pays. Cependant, au risque de décevoir certains de nos collègues, en particulier notre rapporteur, je ne crois pas que la tribune parlementaire française publiée le 13 janvier dans Le Monde ait eu un quelconque impact sur le vote des députés européens.

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