Intervention de Jean-Félix Acquaviva

Séance en hémicycle du jeudi 1er février 2018 à 15h00
Accès à l'eau — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Félix Acquaviva :

Cette proposition de loi de nos collègues du groupe La France insoumise, visant à inscrire le droit d'accès à l'eau dans la Constitution, soulève une question fondamentale pour nos sociétés. C'est tout à l'honneur de ce groupe d'avoir proposé ce texte dans le cadre de sa journée d'initiative parlementaire.

Le droit d'accès à l'eau, chacun d'entre nous y est favorable. Comment pourrait-on s'y opposer ? L'eau, que ce soit en termes d'accès, de qualité ou de gestion, est un enjeu de taille pour notre économie, notre agriculture et l'aménagement du territoire, ainsi que pour le maintien de nos populations, notamment en montagne et en milieu hyper-rural. Dans ces zones-là, l'enjeu est vital. Je peux vous le garantir en tant qu'ancien maire d'une commune de montagne et qui plus est d'une île en pleine Méditerranée, une île qui a le particularisme d'être bien arrosée par rapport aux îles voisines – une montagne dans la mer.

La Corse reçoit ainsi 8 milliards de mètres cubes d'eau par an, en moyenne. Après infiltration et évaporation, il en reste 4 milliards. Toutefois, nous n'en retenons que 100 millions, à cause – je ne m'étendrai pas sur le sujet – des errements de l'État et de la mauvaise gestion des majorités territoriales précédentes, qui n'ont pas anticipé en édifiant des infrastructures dignes de ce nom.

La nouvelle majorité territoriale s'emploie à rattraper ce retard en relançant l'investissement, grâce à un plan baptisé « Acqua nostra 2050 » : construction de nouvelles retenues d'eau, meilleur rendement, transfert d'eau d'une micro-région à l'autre, coopération européenne sont des points qui ont déjà évoqués pour d'autres territoires. Ce plan est essentiel. Comme bon nombre de territoires, nous devons faire face au changement climatique – cela a déjà été souligné – aux périodes de sécheresse répétitives ou aux incendies comme aux précipitations fortes et soudaines. Ces phénomènes ne sont plus conjoncturels, mais bien structurels.

À ces phénomènes naturels nous devons ajouter une intense activité touristique, qui triple la population. Je vous rappelle que 31 % du tourisme mondial se concentre en Méditerranée. En Corse, la pression est très forte : il y a dix touristes pour un habitant – plus qu'aux Baléares. Mes collègues des territoires touristiques savent de quoi je parle !

L'accès à l'eau est un droit fondamental pour tous, qu'il faut préserver et que vous entendez défendre, avec force, grâce à ce texte. Toutefois, nous ne pouvons pas nous arrêter à l'affirmation de ce principe. Nous devons revoir nos modes de consommation, faire la chasse aux gaspillages et rééduquer les populations et les professionnels. Nous devons, notamment en cas de sécheresse accrue, procéder à un rééquilibrage entre ceux qui remplissent leurs piscines pour le plaisir – je force le trait ! – et ceux qui ne peuvent pas utiliser d'eau pour leur usage domestique ou leur exploitation agricole.

Si les collectivités territoriales s'attellent généralement à tous ces problèmes de façon pragmatique et responsable, elles doivent avoir les moyens de continuer de le faire. En effet, à nos yeux, l'eau est un bien commun non seulement au plan politique, mais aussi et surtout au plan culturel. Je dirais même que l'eau et la terre – le foncier – doivent être considérées comme des biens communs, qui ne sauraient donc considérés comme des marchandises comme les autres.

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