Intervention de Roland Lescure

Séance en hémicycle du jeudi 1er février 2018 à 15h00
Utilisation de la voie référendaire pour la ratification du traité de libre-échange entre l'union européenne et le canada — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoland Lescure :

Le Canada, bien sûr, doit relever des défis : défi de la transition énergétique, alors que son économie repose de manière trop importante sur les sables bitumineux ; défi agricole, avec un modèle de production encore trop intensif. Transition énergétique, transition agricole, cela ne vous rappelle rien ? Eh oui, ce sont deux grands défis auxquels la France est également confrontée.

Ce Canada est loin de celui qui apparaît dans les caricatures qui émergent quand certains évoquent le CETA.

Selon ces faiseurs de peur, le Canada ne serait qu'une tête de pont pour les multinationales américaines, prêtes à envahir la France et l'Europe. Le boeuf aux hormones et aux antibiotiques serait à nos portes, accompagné de son compère le saumon transgénique, et caché derrière une montagne de sables bitumineux. Mes chers collègues, ce n'est pas là le Canada que je connais.

Cela dit, un bon partenaire ne fait pas nécessairement un bon accord. Il faut donc, pour bien comprendre le CETA, tenter d'en digérer les quelque 2 000 pages, résultat de huit ans de négociations. Il faut également s'en tenir aux faits, et distinguer les fantasmes et les fake news de la réalité.

Laissez-moi prendre un exemple : celui du fameux boeuf canadien. Les quotas ouverts par le CETA ne remettent absolument pas en cause les normes européennes ou françaises, notamment sanitaires.

Cela a été dit : le quota ouvert pour les producteurs canadiens représente 0,8 % du marché européen. Mieux encore, depuis la mise en oeuvre du CETA en septembre dernier, les producteurs canadiens ont utilisé 1 % de ce même quota – 1 %, donc, de 0,8 %. On est bien loin de l'invasion promise par les faiseurs de peur !

Dans le même temps, Décathlon, l'entreprise préférée des Français, s'installe à Montréal ; le Club Med ouvre un village de ski au bord du Saint-Laurent. Les producteurs de boeuf européen exportent au Canada autour de 600 tonnes : c'est peu, mais c'est déjà deux fois plus que ce que les Canadiens exportent en Europe.

Enfin, les producteurs de fromage utilisent depuis septembre 95 % du quota qui leur a été ouvert, remplissant d'aise le Français que je suis et tous nos compatriotes qui vivent au Canada, heureux de retrouver nos Saint-Marcellin, Mont-d'Or et et autres camembert en quantité et à un prix raisonnable.

Alors de quoi parlons-nous aujourd'hui ? Pourquoi débattons-nous de ce projet de résolution ? Pourquoi demander un référendum sur le CETA ?

Si jamais ce référendum venait à avoir lieu, vous le savez bien : ce ne serait pas sur les plus de 2 000 pages du traité qu'il porterait. Ce serait une partie de plus entre les faiseurs de peur et les tenants de l'espoir ; un match entre ceux qui préfèrent ériger des murs et ceux qui préfèrent bâtir des ponts ; un affrontement entre les tenants du repli sur soi et ceux qui plaident pour une ouverture vigilante sur le monde.

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