Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du jeudi 1er février 2018 à 15h00
Utilisation de la voie référendaire pour la ratification du traité de libre-échange entre l'union européenne et le canada — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Le double argument implicite à cette thèse est en soi très discutable. Ce sont surtout les inégalités qui, ces trente dernières années, ont crû d'un point de vue global. Ce sont surtout des sociétés disloquées du fait de cette compétition féroce, qui se déchirent dans des conflits violents, que nous observons de par le monde. Mais, si l'on voulait tout de même supposer que la thèse des défenseurs du libre-échange fût juste dans ce débat historique, elle ne l'est certainement plus aujourd'hui et s'effondre sous le poids d'un phénomène massif qui oblige à repenser la pensée comme l'action politiques. Je parle du changement climatique.

En effet, le changement climatique doit redéfinir impérativement, et au-delà des désaccords profonds que nous avons quant à la redistribution des richesses, notre rapport au libre-échange. Les études les plus récentes relatives au changement climatique indiquent que la poursuite des trajectoires actuelles d'émission de gaz à effet de serre mènerait à un réchauffement de quatre degrés Celsius, niveau bien trop élevé pour que nous puissions nous y adapter sans risques immenses. C'est la survie de l'humanité qui est engagée.

La contribution du transport international aux émissions globales de gaz à effet de serre ne cesse d'augmenter, et si cette fuite en avant du libre-échange se poursuit, cette situation empirera. Parier sur la croissance du commerce international, sur l'augmentation du volume des marchandises échangées, des bateaux et des avions qui circulent pour les transporter, c'est parier sur notre disparition. C'est dans ce cadre absurde que s'inscrit le CETA, et j'invite l'ensemble des députés – dont je sais certains en dehors de notre groupe également sensibles à cette question essentielle pour notre siècle – à y penser avec sérieux.

Le libre-échange est nuisible à notre environnement et à nos conditions de vie. Produire n'importe où, n'importe comment, et transporter le tout entre tant de pays est non seulement dangereux écologiquement, mais également désastreux sur le plan social.

De plus, je sais que beaucoup d'entre vous sont comme nous, députés de la France insoumise, attachés à notre agriculture. Nous souhaitons préserver un modèle agricole viable à l'heure où il doit se tourner massivement vers les modes de production biologiques. Mais l'étude commandée par le gouvernement sur le CETA ainsi que de nombreux rapports citoyens ont montré que l'un des effets massifs de ce traité sera la concentration toujours plus grande des surfaces agricoles, et l'industrialisation plus poussée encore des processus de production. Pensez notamment aux éleveurs bovins, qui vont se retrouver dans une compétition acharnée avec des élevages canadiens gigantesques, aux proportions inhumaines et inacceptables pour le bien-être animal. En votant notre résolution qui appelle à un référendum sur le CETA, je vous demande donc de penser fraternellement à nos agricultrices et agriculteurs, qui aujourd'hui souffrent et souffriront davantage des suites de ce traité s'il en venait à être adopté sans autre forme de procès.

Mais ce traité de libre-échange met aussi en péril le principe de précaution. Que le Canada figure parmi les cinq premiers producteurs d'organismes génétiquement modifiés – OGM – du monde n'est pas un fait qui puisse être écarté d'un revers de main. Qui souhaite en effet trouver dans son assiette ou celle de ses enfants des saumons transgéniques ?

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