Intervention de Anthony Cellier

Séance en hémicycle du mercredi 31 janvier 2018 à 15h00
Sureté et sécurité des installations nucléaires — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnthony Cellier :

Monsieur le président, madame la présidente et rapporteure, mes chers collègues, il y a plus de cinquante ans, la France a fait le choix de placer l'énergie nucléaire au centre de sa politique énergétique.

Aujourd'hui encore, l'atome reste le pilier de notre mix énergétique : il représente 75 % de notre production électrique. En 2015, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a fixé un objectif : réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50 % à l'horizon 2025.

Trois ans plus tard, le cap reste le même. Toutefois, l'échéance a été reportée. Bien que louable, l'objectif fixé n'était pas réaliste ; nous ne pouvions pas l'atteindre dans un laps de temps si court. Le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, en novembre dernier, a fait preuve de pragmatisme en assumant ce choix.

Le temps de l'énergie est, je veux le rappeler ici, un temps long. Le Président de la République affirmait, au mois de décembre dernier : « Je ne suis pas un idolâtre du [… ] nucléaire, mais [… ] il faut choisir ses batailles ; ma priorité, [… ] c'est les émissions de CO2 et le réchauffement ».

Nous devons nous concentrer sur la fermeture des centrales à énergie fossile. L'énergie nucléaire nous permet d'aborder cette transition, en cohérence avec nos engagements internationaux pour le climat. En effet, c'est une énergie décarbonée qui assure l'indépendance énergétique de la France et sa sécurité d'approvisionnement.

Cependant, en raison des risques inhérents au nucléaire, le recours à cette énergie peut prêter à controverse. Il s'agit d'un sujet sensible qui suscite fantasmes et inquiétudes, parfois nourris par l'actualité nationale ou internationale.

Il y a deux manières d'aborder ce sujet. La première consiste à se contenter de notre demi-siècle d'expérience sans incident majeur – c'est heureux – ; on se dit que la France dispose de normes de sûreté bien supérieures à celles de la quasi-totalité des pays du monde, et d'un gendarme du nucléaire, l'ASN, vigilant et exigeant envers l'ensemble des exploitants des sites français, dont la compétence et la rigueur sont des références hors de nos frontières. On imagine que, dans le pire des cas, des associations indépendantes, des ONG lèveront le voile sur les risques que nous pourrions courir.

La seconde consiste à s'efforcer d'aller plus loin, d'aller au fond des choses, d'échanger, de confronter les avis et de faire face à la réalité, quelle qu'elle soit, pour lever les doutes sur la sûreté et la sécurité de nos installations nucléaires – ce que ne permet pas, vous en conviendrez, le cadre classique des auditions en commission. Nous en avons d'ailleurs eu la preuve avec les auditions de l'ASN, de Greenpeace et d'EDF par la commission du développement durable – Mme la rapporteure y a fait allusion.

Mme Pompili ayant expliqué à de nombreuses reprises d'expliquer la distinction entre « sûreté » et « sécurité » des installations, je ne reviendrai pas sur ces notions que, n'en déplaise à certains, nous ne confondons pas – loin de là. Nous choisissons ici d'enquêter sur les deux volets qui, quoi qu'on en dise, en cas d'incident, sont intimement liés.

Nous choisissons ici d'enquêter car des incidents touchant à la sûreté ont été constatés ces dernières années, tant dans la construction que dans l'exploitation des centrales.

Nous choisissons ici d'enquêter car notre devoir vis-à-vis de nos concitoyens est de comprendre, de savoir et, le cas échéant, de rassurer et d'informer.

Cette commission d'enquête est également légitime au regard des nouveaux enjeux de sûreté et de sécurité de la filière nucléaire, dans un contexte renouvelé par le possible allongement de la durée de vie des centrales au-delà de quarante ans, pour lequel elles n'avaient pas été conçues, et dans un monde dans lequel les échelles du risque ont changé, le terrorisme n'est plus une hypothèse, et la cybercriminalité comme les drones sont une réalité.

Je ne vois que des bénéfices à créer cette commission : mettre en lumière les bonnes pratiques qui doivent être perpétuées ou mettre en évidence des défaillances qui doivent être corrigées.

Vous l'aurez compris, pour toutes ces raisons, le groupe La République en marche soutient cette proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires.

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