Intervention de Valérie Six

Séance en hémicycle du mercredi 23 février 2022 à 15h00
Dénonciation du coup d'État militaire en birmanie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Six :

Aung San Suu Kyi est devenue, en plus de trente ans, un symbole de l'opposition à la junte. Récompensée par le prix Nobel de la paix en 1991, elle est une icône mondiale incontournable sur la scène politique internationale. Le 1er février 2021, les militaires ont procédé à une vague d'interpellations, dont celle de la cheffe du gouvernement civil, Aung San Suu Kyi, et du Président de la République. Selon les ONG de défense des droits de l'homme, près de 1 500 civils ont été tués depuis, alors que des milices ont pris les armes contre la junte. L'armée avait alors déployé des troupes et des véhicules blindés pour bloquer les axes permettant d'accéder au Parlement. Les militaires ont invoqué un motif pour ce coup d'État : des fraudes électorales, qu'ils qualifient d'énormes, lors des élections législatives de novembre 2020.

Aung San Suu Kyi est, dans un premier temps, accusée par la junte de délits mineurs : importation illégale de talkies-walkies et non-respect des restrictions liées au coronavirus. Elle est inculpée pour violation d'une loi sur les télécommunications et incitation aux troubles publics. Assignée à résidence, à 75 ans, elle a comparu jeudi 1er avril 2021 en visioconférence. Elle est désormais inculpée pour avoir violé une loi sur les secrets d'État, texte datant de l'époque coloniale. C'est la charge la plus lourde retenue contre elle jusqu'à présent.

La proposition de résolution dont nous débattons vise à condamner, très justement et avec la plus grande fermeté, le coup d'État perpétré par l'armée birmane, le 1er février 2021. Elle vise à exprimer notre soutien total à la population birmane dans sa lutte pacifique pour la démocratie, les libertés et le plein respect des droits de l'homme. Nous espérons qu'elle aura un véritable effet catalyseur, car la situation dans l'ensemble du pays devient aujourd'hui insoutenable. L'absence de perspectives pacifiques et la violence croissante de la junte, la menace d'effondrement de l'économie, la situation inquiétante des minorités ethniques et religieuses, y compris des Rohingyas, laissent chaque jour un peu plus entrevoir un point de non-retour : celui d'une guerre civile à l'échelle du pays.

Artistes, étudiants, journalistes, ouvriers, moines : ils réclament tous le retour à la démocratie. Nous devons rappeler que 570 civils, dont une cinquantaine d'enfants et d'adolescents, ont été tués postérieurement au coup d'État, en un peu plus de deux mois. Le bilan pourrait être beaucoup plus lourd : plus de 2 700 personnes ont été arrêtées. Beaucoup, sans accès à leurs proches ou à un avocat, sont aujourd'hui portées disparues. Une centaine de manifestants ont trouvé la mort lors de la manifestation du 27 mars 2021, journée la plus sanglante depuis le coup d'État.

Au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, les pays occidentaux poussent prudemment à la mise en place de sanctions, mais la Chine, un allié traditionnel de l'armée birmane, rejette catégoriquement cette idée. Dans ce contexte, eu égard aux nombreuses atteintes portées à l'État de droit, nous nous devons d'exprimer, au nom du peuple français, le soutien fraternel de notre nation au peuple birman ainsi qu'à ses représentants légitimement élus, et de condamner, avec la même fermeté, les agissements des forces de sécurité mises en œuvre par le Conseil administratif d'État. Aussi nous revient-il de soutenir et d'encourager toute action, portée par le gouvernement français, qui contribuerait à réunir les conditions d'une résolution pacifique de la crise actuelle afin d'en limiter les conséquences humaines, politiques et économiques.

Enfin, en tant que centre d'impulsion politique international, l'Union européenne, de concert avec l'ASEAN, se doit de promouvoir une sortie de crise pacifique, rapide et inclusive reposant sur un processus de dialogue politique associant toutes les parties de la société civile, les partis politiques et les groupes ethniques. N'oublions pas également la répression des Rohingyas, minorité musulmane, qualifiée de tentative de génocide par des enquêteurs de l'ONU.

Pour toutes ces raisons, le groupe UDI et indépendants soutient cette proposition de résolution et souhaite rappeler que la représentation nationale se tient au côté des Birmans, au nom de la défense de leurs droits et de leurs libertés.

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