Intervention de Albane Gaillot

Séance en hémicycle du mercredi 23 février 2022 à 15h00
Renforcement du droit à l'avortement — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlbane Gaillot, rapporteure de la commission des affaires sociales :

Alors que nous nous apprêtons à voter en lecture définitive la proposition de loi que j'ai déposée le 25 août 2020, c'est avec beaucoup de solennité, de sens de la responsabilité, d'émotion aussi, que je m'adresse à vous.

L'avortement n'est pas un échec, une erreur de parcours ou un drame, mais une solution pour les femmes qui ne souhaitent pas poursuivre leur grossesse. Or, pour certaines, le droit à l'avortement est formel, non réel. Écoutons-les : « J'ai 40 ans, je prends la pilule mais il peut arriver que j'oublie d'en prendre une. Toutefois c'est rare. Il y a quelques jours je me suis rendu compte que j'étais enceinte. Je pensais que ça ne faisait que quelques semaines. En fait, j'étais enceinte de treize semaines de grossesse. Nous ne pouvons pas le garder. Je ne comprends pas qu'à partir de douze semaines il faille se rendre à l'étranger et payer des sommes que tout le monde ne peut pas avoir. C'est comme s'ils voulaient tout faire pour nous obliger à garder les grossesses. Mais l'avortement est un droit, non ? Tant que cela ne nous arrive pas, on ne sait rien de ce qu'on est obligée de vivre. »

Si nous l'adoptons, cette proposition de loi marquera plusieurs avancées : le délai de recours à l'avortement passera à quatorze semaines de grossesse ; les sages-femmes pourront pratiquer des IVG instrumentales ; un répertoire des professionnels de santé pratiquant l'IVG sera constitué, et le délai de réflexion de deux jours après un entretien psychosocial supprimé ; la téléconsultation en vue d'une IVG deviendra possible en établissement de santé. Petit regret : la clause de conscience spécifique n'aura pu être supprimée au cours de cette législature. J'espère que les parlementaires prochainement élus ou réélus se remettront à l'ouvrage : l'IVG doit être reconnue comme un droit à part entière pour les femmes.

Nous avons longuement débattu et entendu les arguments des opposants à ce texte ; nous les réentendrons certainement aujourd'hui. Je n'essaierai pas de convaincre celles et ceux qui disent que l'avortement traumatise les femmes et les médecins, qui considèrent que ce droit devrait être restreint, qui invoquent Simone Veil en même temps qu'ils tentent de faire advenir un projet de société rétrograde.

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