Intervention de Jean-Louis Thiériot

Séance en hémicycle du mardi 22 février 2022 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à l'engagement de la france au sahel

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Thiériot :

…éviter la déstabilisation de l'Afrique de l'Ouest tout au long du golfe de Guinée, limiter des flux migratoires que le chaos ne manquerait pas de susciter. Les récents événements survenus au Bénin où un ancien du 1er régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMA) vient de laisser la vie, démontrent à quel point la menace n'est pas fantaisiste.

C'est pourquoi, monsieur le Premier ministre, le groupe Les Républicains ne peut que prendre acte de la nécessité de reconfigurer notre dispositif, comme cela a été décidé avec nos partenaires européens et africains. Le redéploiement de nos forces au Niger et au Tchad est la seule solution opérationnelle. Nous attendons, bien sûr, d'en savoir plus sur la nature et le format du nouveau dispositif. Mais, sur le principe, disposer de forces aériennes puissantes, de forces spéciales disponibles, en format Takuba ou autre, semble une garantie de fulgurance et d'efficacité avec la faible empreinte au sol qui répond aux nécessités de l'heure. J'en profite pour saluer la sagesse de nos partenaires africains, en particulier du président du Niger qui accueillera largement les troupes françaises à Niamey.

L'esprit de responsabilité invite aussi à s'inquiéter des conditions de notre retrait et de la sécurité de nos forces. Partir d'un pays hostile est un défi logistique inouï. Si la France tire les conséquences de la posture de la junte malienne, nous ne saurions trop insister sur la responsabilité de ces autorités de fait si des actes hostiles causaient des pertes dans nos rangs. Dans ce cas, la riposte française devra être à la hauteur de l'indignité.

Mais responsabilité n'exclut pas lucidité. Il appartiendra aux historiens de comprendre comment des succès militaires se sont transformés en ce qui apparaît comme une forme d'échec politico-diplomatique. Sur nos bancs, ceux d'un parti de gouvernement, nous abhorrons la géopolitique en chambre et le « y a qu'à, faut qu'on » des stratèges de buvette.

Faute de disposer, notamment, des informations classifiées qui, seules, permettraient d'avoir une vision plus juste de la situation, c'est sous la forme interrogative que nous exprimerons nos doutes. Je commencerai par quelques questions factuelles : comment en sommes-nous arrivés là ? Comme avons-nous perdu la main successivement au Mali et au Burkina Faso ? Notre renseignement a-t-il été défaillant ? Pourquoi la France, après avoir déversé des milliards avec ses partenaires européens, s'est-elle retrouvée en position d'accusée ? Avons-nous été assez vigilants ou assez organisés en matière de lutte informationnelle ? Puisque j'évoque la guerre de l'information, je ne peux passer sous silence le fait qu'un pays, la Russie, qui déstabilise l'Europe orientale, est aussi celui qui, par ses réseaux de bots et ses petits « hommes sable » de Wagner, déstabilise le Sahel.

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