Intervention de Émilie Cariou

Séance en hémicycle du mardi 22 février 2022 à 9h00
Questions orales sans débat — Scolarisation d'enfants en situation de handicap en belgique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉmilie Cariou :

En préambule, je voudrais préciser qu'en quatre ans c'est la seconde fois que je pose une question au sujet des enfants en situation de handicap scolarisés en Belgique et, par deux fois, Mme Cluzel a été absente et n'a pas pu rendre compte de sa politique, ce que je déplore.

Depuis plus de sept mois, près de quatre-vingts familles de la région Grand Est – dont vingt-cinq familles meusiennes – sont en plein désarroi face à la non-reconduction de la convention franco-belge leur permettant de scolariser leurs enfants en situation de handicap dans des établissements spécialisés belges.

Dans le cadre de cette convention, un quota de places spécifiques était réservé à des enfants français. Cet accord franco-belge permettait la prise en charge du transport, de l'internat et de la restauration. Ce contrat était donc indispensable pour ces familles, qui ne peuvent décemment pas assumer tous les coûts inhérents à une scolarité à l'étranger.

La convention a pris fin le 31 décembre 2021, faute d'accord entre l'État français, représenté par l'Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France, et la fédération Wallonie Bruxelles enseignement. À la suite de notre mobilisation aux côtés des parents pour maintenir la scolarité de ces enfants, un financement exceptionnel a été accordé par le gouvernement français. Hélas, cette solution n'est que provisoire, et une étude au cas par cas de la situation de chaque famille a commencé, mais force est de constater que le flou subsiste sur la rentrée de septembre prochain.

Soyons réalistes : lorsqu'une famille décide de scolariser son enfant au-delà de nos frontières, avec tout ce que cela implique, c'est bien que les solutions existantes sur le territoire français ne sont pas suffisantes. Ces familles connaissent en effet déjà toutes les structures existantes en France, que ce soit les instituts médico-éducatifs (IME) ou les classes ULIS – Unités localisées pour l'inclusion scolaire – de l'éducation nationale. Le mode d'accompagnement qui est proposé n'est simplement pas adapté, en grande partie du fait du manque de moyens alloués à la politique du handicap dans notre pays.

Retirer ces enfants de l'établissement au sein duquel ils sont scolarisés relèverait de la maltraitance. Pourquoi ? Parce qu'ils y sont scolarisés depuis des années, qu'ils y ont trouvé équilibre, sérénité et épanouissement, et que ces seuls motifs devraient guider notre action pour leur éviter toute rupture de parcours.

Cette non-reconduction met donc à mal plus de quatre-vingts familles, qui avaient su trouver une solution permettant à leurs enfants de suivre un parcours scolaire adapté, faute d'offre satisfaisante sur notre territoire. Cet événement traduit ainsi l'absence d'offre d'accueil satisfaisante pour les enfants de la République, mais également la différence d'approche qui existe entre la France et la Belgique en matière d'accompagnement du handicap.

Le mercredi 2 février dernier, M. le secrétaire d'État chargé de la protection de l'enfance, Adrien Taquet, précisait, lors des questions au Gouvernement au Sénat, que des solutions seraient construites avec et pour les familles, et que des modalités de financement dérogatoires pourraient être proposées si leur souhait était de poursuivre la scolarité de leurs enfants en Belgique. Aussi, ma question est la suivante : dans l'attente de solutions nouvelles sur le territoire meusien et dans le Grand Est, le Gouvernement compte-t-il, oui ou non, prolonger le financement au-delà de juin 2022, pour permettre à ces enfants de terminer leur scolarité dans cet établissement – comme cela est ardemment demandé par un grand nombre de familles concernées –, et selon quelles modalités ?

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