Intervention de Emmanuel Blairy

Séance en hémicycle du mardi 22 février 2022 à 9h00
Questions orales sans débat — Tissu industriel français

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuel Blairy :

Les première et deuxième révolutions industrielles ont fait de la France une grande puissance. Malheureusement, le déclin amorcé depuis la récession charbonnière, puis textile et métallurgique, n'a jamais été stoppé ! Les régions Hauts-de-France et Grand Est ont été les plus affectées. En 1975, les entreprises industrielles employaient plus du tiers des 25-54 ans dans ces territoires – 39 % dans les Hauts-de-France et 37,4 % dans la région Grand Est. Quarante ans plus tard, en 2014, le poids de l'industrie dans l'emploi régional n'était plus que de 14,9 % dans les Hauts-de-France et de 17,1 % dans la région Grand Est. Et la chute se poursuit depuis 2014.

On est en droit de s'interroger : les gouvernements successifs se sont-ils réellement inquiétés du sort de l'industrie française ? Qu'il me soit permis d'en douter, d'autant que le démantèlement se poursuit. Ainsi, Alstom, pour ne citer qu'elle, a été bradée par Emmanuel Macron à General Electric : un cadeau offert aux Américains et un morceau du savoir-faire français gâché et sacrifié !

Parmi les répercussions concrètes de la poursuite de ce dépeçage en règle, on compte la remise en question de notre indépendance énergétique, mise à mal par les volontés funestes de Bruxelles et la pression des lobbies. La France a sacrifié un fleuron de son savoir-faire industriel, fleuron qui faisait sa renommée au niveau international : le nucléaire. Les présidents Sarkozy, Hollande et, bien entendu, Macron n'ont eu de cesse de démanteler l'outil de production énergétique, répondant aux désirs d'actionnaires avides de profit, au détriment des travailleurs français. C'est ainsi que la centrale de Fessenheim a été liquidée sans crier gare ! De plus, la mise en service de l'EPR – réacteur pressurisé européen – de Flamanville accuse un nouveau retard : on parle désormais de 2023.

En ces temps tourmentés, il convient pourtant d'être plus que jamais aux côtés des industries, et qui dit industries dit évidemment recherche et formation professionnelle. Le démantèlement orchestré de manière chirurgicale auquel nous assistons fragilise toute une filière en passe de disparaître. Malgré ces orientations tragiques prises par nos dirigeants, la France compte en son sein un maillage de petites et moyennes entreprises qui innovent et développent des savoir-faire de niche à la pointe de la technologie. C'est cela aussi le génie français, madame la ministre, et il faut à tout prix le défendre.

Je citerai l'exemple de la plasturgie, dans la région Hauts-de-France, qui sait être compétitive dans des domaines comme le thermoformage. Ses compétences, enviées par tous les pays du monde, lui permettent de travailler avec des donneurs d'ordre de toute l'Europe et des cinq continents.

Ce qui est vrai en matière de plasturgie l'est aussi dans d'autres domaines. Un dénominateur est commun à toutes ces entreprises : leur modèle économique repose sur le fait d'avoir un train d'avance car, pour exister et survivre dans cette compétition féroce qu'est l'industrie, elles se doivent d'anticiper les évolutions technologiques.

Qu'est-il fait pour protéger aujourd'hui ces pépites de l'industrie française ? La réponse tient en un mot : rien ! Formation, aide au recrutement, ingénierie d'accompagnement : l'État est aux abonnés absents ! Compte tenu de ce contexte accablant, le Gouvernement peut-il nous éclairer sur la stratégie qu'il déploie pour pérenniser et développer le tissu industriel français ?

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