Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du vendredi 4 février 2022 à 21h30
Reconnaissance du vote blanc — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Voter individuellement n'a pas de sens : l'intérêt du vote est que tout le monde s'exprime. Or ce n'est plus le cas. Que devons-nous faire ? Il faut donner des droits nouveaux : la prise en considération du vote blanc permettrait aux citoyens qui ne se reconnaissent pas dans l'offre politique – au second tour, voire dès le premier tour – d'être entendus. Ils veulent d'ailleurs être entendus pour dire précisément cela : « Je ne me reconnais pas dans l'offre politique. » En leur accordant des droits nouveaux, nous leur donnons une nouvelle motivation de voter.

Enfin, vous évoquiez les conséquences d'un tel dispositif s'il était appliqué lors du second tour. C'est intéressant ! Si celui qui sera amené à concentrer tous les pouvoirs d'un président sous la Ve République n'arrive même pas à réunir 50 % des suffrages exprimés au second tour, cela révèle un problème politique de fond ! C'est d'ailleurs pourquoi, dans cette hypothèse, il serait préférable de recommencer le vote. Il y a donc un intérêt indiscutable à ce que les millions de nos concitoyens qui, au second tour, ne se reconnaîtraient dans aucun des deux candidats en présence, puissent se faire entendre au moyen de leur vote blanc et provoquer, éventuellement, une nouvelle élection.

Nous devons inlassablement donner des droits qui permettent à nos concitoyens de se faire entendre. C'est un enjeu fondamental. Nous ne durerons pas longtemps dans le cadre des institutions actuelles si nous n'engageons pas une réforme significative, et si nous continuons à tourner autour de cette question. Je suis favorable à la prise en compte du vote blanc et au vote obligatoire : les deux vont de pair. On ne peut instaurer le vote obligatoire que si on permet aux citoyens de s'exprimer à tout moment, même quand les circonstances ne présentent pas des candidats qui les satisfont. Ce seraient des avancées fondamentales.

Parmi vos arguments contre la proposition de loi de nos collègues, madame la ministre déléguée, vous avez évoqué la question du référendum sous la Ve République. Vos propos étaient pertinents, mais ils révélaient surtout l'arme que représente le plébiscite pour la Ve République : même à l'heure actuelle, la formulation de la question contient la perversité que vous avez justement dénoncée. Les citoyens sont convoqués pour se prononcer sur une question, mais s'ils votent non, la situation est maintenue en l'état, alors qu'ils ne sont pas nécessairement favorables au oui. Prenons le référendum sur le passage au quinquennat : un citoyen qui n'est favorable ni au septennat ni au quinquennat ne peut pas se faire entendre, puisque la question est binaire.

Il aurait donc fallu voter la présente proposition de loi, qui est véritablement passionnante : elle bouleverserait notre système électoral, mais redonnerait la parole au peuple. Il faut toujours redonner la parole au peuple, sans jamais avoir peur de lui, ni considérer que lorsqu'il ne vote pas, on peut continuer à agir. Interrogeons-nous pour être à la hauteur de cette grave préoccupation. Si nous ne le faisons pas, la tentative autoritaire pourrait l'emporter – et alors, ce sera tout autre chose.

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