Intervention de Bertrand Pancher

Séance en hémicycle du jeudi 3 février 2022 à 9h00
Développement de la participation citoyenne — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

Dans mon engagement politique, j'ai été très marqué par le Grenelle de l'environnement. C'était il y a plus de dix ans : nous prenions conscience de la crise environnementale, de la nécessité d'agir, et d'agir rapidement. Nous avions réuni les représentants des organisations environnementales, mais aussi ceux des entreprises, des agriculteurs, des chasseurs : autant de gens qui d'ordinaire s'ignoraient, ne s'adressaient pas la parole, voire se haïssaient. Au bout de six mois, ils avaient déterminé avec précision des objectifs et les moyens de les atteindre. Surtout, j'ai été témoin d'une impressionnante transformation des esprits : tous avaient reconnu la bonne volonté les uns des autres, souhaitaient faire œuvre commune, se respectaient. Même si Jean-Louis Borloo n'est pas Harry Potter, cela tenait de la magie ! Hélas, tout est ensuite retombé comme un soufflé : nous n'avons pas continué à faire travailler les intéressés ensemble, et les vieux réflexes ont repris le dessus.

Notre pays est beau, même magnifique ; les Français ont envie de s'engager en sa faveur. Il a énormément apporté au monde et, comme nombre d'entre vous, je crois qu'il est capable de continuer à le faire, pourvu que nous travaillions vraiment tous ensemble. Or son principal problème, c'est la prise de décisions : comment faire en sorte qu'elle soit collective, que chacun s'implique ? Nous n'y parviendrons que s'il se produit un choc démocratique ; autrement, pas la peine d'essayer, même avec un grand cerveau pour nous diriger. Il vaut certes mieux que le détenteur du pouvoir soit intelligent, mais nous avons surtout besoin de grandes oreilles pour nous écouter, à quelque échelon social que nous nous trouvions. C'est faisable à condition de réformer les institutions, d'opérer un rééquilibrage en faveur du Parlement, car il n'est pas normal que tant de pouvoirs soient entre les mains d'une seule personne ; il faut un choc de décentralisation, il faut également que ce débat provoque un véritable choc d'écoute de nos concitoyens.

Ce choc n'a pas encore eu lieu : il aurait pu. Nous devrions tous être marqués au fer rouge par la crise des gilets jaunes, qui a violemment secoué le pays. Sans l'armée, la police, la gendarmerie, une révolution orange balayait nos institutions ; nous aurions fait pire que ces pays dont nous dénonçons le manque d'expérience démocratique ! Quelles en ont été les suites ? Un grand débat qui, finalement, s'est résumé à un grand blabla.

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