Intervention de Loïc Prud'homme

Séance en hémicycle du mercredi 2 février 2022 à 15h00
Zones de non-traitement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

…mais à la fin, c'est presque devenu un jeu entre nous. Je continue néanmoins, puisque vous appelez à la raison : ces nouveaux arrêtés s'en remettent à une révision des AMM par l'ANSES pour réévaluer les zones de non-traitement. Je rappelle pourtant qu'en 2019, l'ANSES admettait elle-même un manque d'études permettant d'évaluer l'exposition aux pesticides. C'est donc sur le fondement d'un avis bancal, pour ne pas dire creux, de l'ANSES que votre gouvernement a pris un arrêté prévoyant des distances ridiculement faibles, finalement retoqué par le Conseil d'État.

Or la réalité vous rattrape. Atmo-Nouvelle-Aquitaine, qui procède à des analyses de l'air, a pu détecter dans le centre de Bordeaux des résidus de folpel, fongicide utilisé dans les vignes situées à quelques kilomètres de distance. Le rapport de synthèse sur les expositions des riverains aux pesticides – EXPORIP – mesurées par Générations futures a montré, lui, que d'importantes quantités de résidus, de reprotoxiques notamment, avaient été retrouvées sur les fenêtres de riverains situées à 100 mètres, voire plus, des cultures. À une distance inférieure à 100 mètres, on retrouve des pesticides chez les riverains dans 80 % des cas.

L'étude PestiRiv n'a pas encore été lancée qu'elle fait déjà l'objet d'un torpillage en règle de la part du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), qui menace de refuser d'y participer et fait pression sur les institutions, sachant pertinemment à quels résultats elle aboutira.

Cette réalité factuelle, scientifique comme vous dites, est parfaitement connue de votre ministère. Alors pourquoi repousser encore et toujours des mesures de protection puisque cela se fait au détriment de la santé de nos concitoyens, qu'il s'agisse des agriculteurs ou des riverains – oui, c'est bien ces deux catégories que nous souhaitons voir protégées ? Assumez-vous, monsieur le ministre, de jouer la montre contre les évidences ? Telle est ma question.

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